Ángel Della Valle a été considéré à juste titre comme le “peintre de la Pampa“. Il nait à Buenos Aires (San Telmo) en 1855 alors que le pays est en pleine effervescence politique alors que le pays est divisé en deux depuis la révolution du 11 septembre 1852. D’un côté la Confédération Argentine avec pour capitale la ville de Parana présidé par le général Urquiza et de l’autre la sécessionniste ville de Buenos Aires qui n’entend pas partager aussi facilement ses revenus douaniers.
A 20 ans, il voyage en Italie dont son originaire ses parents pour étudier à Florence. à son retour en 1883, il installe un atelier pour se dédier à la peinture, au dessin. Sa thématique de prédilection sont la plaine de la Pampa et son personnage emblématique le gaucho, qui doit sa raison d’être au cheval et qui occupe une place prépondérante dan ses toiles.
En témoigne une des ces toiles les plus fameuses “corrida de sortija”, un jeu de gaucho qui consiste à passer un bâton dans un cercle suspendu à 3 mètres de hauteur sur un destrier lancé au grand galop.
Avec Ernesto de la Carcova et Augusto Ballerini, il intègre le groupe de La Colmena, une institution qui organise des expositions dans Buenos Aires. De sa participation, son tableau “La Vuelta del Malón” exposé en 1892 sur la rue Florida dans le local de Nocetti y Repetto fait sensation et lui doit sa célébrité.
Cette peinture à l’huile de 3m sur 2, aujourd’hui exposée au Musée National des Beaux Arts de Buenos Aires (MNBA www.mnba.org.ar) représente le retour triomphant d’un groupe d’indiens à la suite d’une de leurs incursions et razzia dans les terres occupées par les « huincas ». Il montre l’aspect terrifiant d’une horde barbare qui brandit une croix, un encensoir et des objets religieux volés dans une chapelle ou église d’une estancia. Les têtes coupées attachées au flanc de la monture et surtout le tribut recherché, une blanche captive évanouie dont on peut imaginer qu’elle est la seule survivante. La horde pousse devant elle les chevaux et le bétail volés et au loin se consume le fortin incendié. L’aspect de terreur que provoquait ces incursions est renforcé par un ciel bas et menaçant, une troupe d’indiens vociférant et encore excités par l’odeur du sang et fier de leur butin, sur des chevaux lancés au grand galop dont on entend presque le souffle haletant et les bruits que provoque leur cavalcade.
La vuelta del malon – 1892
Le contexte de cette représentation fait suite aux conquêtes armées qui prétendaient repousser, éliminer les tribus indiennes pour gagner des terres cultivables, dans la terminologie de l’époque “la civilisation contre la barbarie”; et mettre ainsi fin à ces razzias en les éloignant le plus possible.
L’écrivain José Sixto Álvarez connu sous le pseudonyme de “Fray Mocho” en fait une description en 1894 après sa visite à l’atelier du peintre:
“La vuelta del malón” est une page intime de l’histoire de notre patrie, une véritable photographie de ces scènes sanglantes qui rendent tristes, un épisode de cette lutte féroce entre la civilisation et la barbarie sur les rives de la Plata. Ces indiens musclés, de physionomie dure, son véritablement les seigneurs du désert, ceux-là même qui pendant un demi-siècle ont arrêté la civilisation qui avançait. cette grande toile de Della Valle a un grand mérite.
Il fonde également une académie de stimulation aux Beaux-Arts d’où sortiront de nombreux artistes de talents. Pendant 18 ans, il donna ses cours 3 fois par semaine dans l’académie qui se situait au Bon Marché sur la rue Florida (aujourd’hui galerie Pacifico).
Angel Della Valle décède brusquement à 47 ans en 1903 alors qu’il donnait un cours de peinture à ses élèves.
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