Histoire

Estancia de la Pampa à l’âge d’or de l’Argentine

estancia


Des châteaux, des Manoirs et autres Palais de campagne au milieu de parcs immenses aux multiples essences sont les estancias apparues à l’époque de l’âge d’or de l’Argentine. Ils témoignent d’une prospérité notoire et parfois ostentatoire qu’affichaient les grands propriétaires terriens de la Pampa argentine au début du XXe siècle. Qu’elle est l’origine de ces estancias et comment sont-elles apparues au milieu de cette immensité?

A l’origine, pendant l’époque de la colonisation espagnole (1534-1810) le mot estancia signifie une importante extension de terres attribuée en concession à des personnes, familles ou ordre religieux par le roi de Castille à ses sujets de la vice-royauté de l’Alto Peru puis de la Plata (Région de Buenos Aires et d’Uruguay et Sud du Brésil actuel, de la Pampa). Ces terres sont concédées généralement en rétribution des services rendus (premio ou pago) et sont destinées à l’élevage de bovins.

L’avancée vers l’Est des tribus Mapuche, par delà les Andes entre le XVIIe et le XIXe siècle, a rendu les relations plus difficiles et moins pacifiques. D’où la nécessité de créer une ligne défensive de fortins et créer des noyaux de populations sédentaires plus aptes à se défendre dont l’estancia en est le centre vital.

La région de la Pampa, un territoire aussi grand que la France en superficie, était déjà une zone d’élevage au temps des espagnols et devient au XIXe siècle une immense ressource qui a bénéficié à l’Argentine. Elle alors un développement économique sans précédent pour connaitre son apogée dans les années 1920-1930.

A la suite de la création de la république Argentine en 1862, il est décidé de conquérir plus de terres pour peupler ce jeune pays. Les conquêtes militaires repoussent et disséminent les tribus indiennes et libèrent plus de 20500 lieux de terres soit plus de 100 000 km2 en 1879. De nombreux officiers supérieurs sont récompensés en propriétés à défaut de monnaie sonnante et trébuchante. Ce sera le cas du général et futur président Roca qui a conduit ses expéditions.
D’autres terres sont vendues par souscription avant ces expéditions; par exemple 41 000 000 d’hectares ont été vendus à des 1800 personnes proches du pouvoir et c’est le cas de la famille Roca. L’excédent a même été vendu par lot de 40 000 ha dans les salles de ventes à Londres ou Paris en 1882.

Les estancias, ces latifundia à la manière argentine sont alors synonymes de prospérité, l’âge d’or de l’Argentine. Ce sont d’immenses extensions de entre 25 et 40 000 ha qui constituent le pilier économique du pays grâce à l’exportation de la viande vers l’Europe et les États-Unis.
L’Argentine voit naître l’essor d’une haute bourgeoisie propriétaire terrienne dont les plus connus sont les Alvear, Anchorena, Diaz Velez, Bosch, Ortiz Basualdo car ils se sont fait construire les plus beaux palais à Buenos Aires dont la plupart sont encore visible actuellement. Alliant l’architecture française et italienne notamment.
Parmi ceux qui n’appartenait pas à ce milieu, il faut noter Pierre “Pedro” Luro, un basque français arrivé en 1837 en Argentine. Il a commencé comme peón (ouvrier agricole) pour finir avec plus de 400 000 ha et fonder notamment ce qui fut la très huppée station balnéaire de Mar del Plata.

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“Riche comme un Argentin” devient une expression commune dans les salons Parisiens. Richissimes, comme le sont aujourd’hui tel ou tel Emirat, ces propriétaires n’hésitent pas à se faire construire dans leur propriété de la Pampa des palais incroyables, comme pour assouvir un rêve d’enfant. Il y passe les mois d’été de l’hémisphère Sud et se retrouvent sur la côte d’Azur ou à Paris pendant l’hiver austral. Les plans sont dessinés par des architectes de renom sur la place (Jacques Dunant, Ernest Moreau) ou directement à des grands cabinets d’études parisiens.

Le modèle de l’estancia de l’époque de l’âge d’or abrite un parc d’environ 400ha bien souvent dessiné par Carlos Thays et un “casco”, la résidence principale pouvant atteindre 1200m2 de surface au sol.

Construites pour la majorité entre 1880 et 1910, l’architecture est inspirée (ou directement copiée) de l’histoire européenne; contemporaine ou appartenant à son riche passé. Souvent très éclectiques car le style n’est pas toujours définit.
Patrimoine historique indiscutable, les estancias les plus connues le sont car ouvertes au tourisme. Ainsi surgissent au beau milieu des verts pâturages de la Pampa, ici le style anglo-normand de l’estancia Villa Maria (Fig.1), là les tours normandes, le portail gothique, la cheminée en marbre de carrare et les lustres en cristal de Murano de l’estancia La Candelaria (fig.2).
Puis il y a les estancias comme El Talar de Pacheco (fig.3) , Huetel (fig.4), La Raquel (fig.5) et sans doute la plus représentative de cet esprit, ce château gothique (fig.6) à 50km de Buenos Aires.

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