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Francisco Coloane > Une œuvre à  la mesure des terres et des mers australes

Francisco Coloane

Francisco Coloane (1910-2002) est sans doute le plus grand écrivain sud américain de la fin du siècle dernier. Ses récits d´aventures à  la fois épurés et lyriques le font souvent comparer à  Jack London, à  Jean Giono ou encore à  Joseph Conrad.
Une imposante stature pour des nouvelles et des romans intenses qui font se déchainer les éléments, comme si vous étiez à  la proue d’un trois mâts carrés doublant le Cap Horn. Pour qui souhaite s’immerger dans les légendes, les mythes et les réalités des hommes du bout du monde: Patagonie, Terre de Feu, Cap horn… rêver à  la conquête d’un monde perdu géographiquement.

L’écrivain chilien Luis Sepulveda nous en dessine un très beau portrait dans la préface de Tierra del Fuego

Les contes de l’enfance commençaient toujours par le prometteur “Il était une fois”, qui nous ouvrait toutes grandes les portes de l’imagination. Pour parler de Francisco Coloane, je ne vois pas de meilleure formule. Que la magie de la littérature nous transporte dans une cabane en rondins où brûle un feu de cheminée, et l’horizon s’ouvre sur l’aventure.
Il était une fois… un géant, de près de deux mètres, né en 1910 sur l’île de Chiloe et à  passé une partie de son enfance à  Puerto Montt. Il arborait une longue chevelure qui commençait à  blanchir et une barbe touffue de marin; il avait de cette démarche chaloupée des matelots qui viennent de mettre pied à  terre et ses pas le conduisaient à  la Maison de la Littérature. C’était en 1941.
A cette époque, la plupart des écrivains chiliens et latino-américains oscillaient entre deux obsessions : écrire de “grands romans” qui affirmeraient leurs racines culturelles indéniablement européennes, ou reproduire les plus célèbres tragédies de la littérature slave, mais en empruntant des thèmes criollo. L’ambiance de cette maison-là  était, on s’en doute, léthargique, arrogante et ennuyeuse.
Avant d’y entrer, il était d’usage de frapper et de montrer patte blanche ; mais l’homme à  l’allure de marin poussa la porte d’un vigoureux coup d’épaule, se planta au milieu du salon et dit : “Je m’appelle Francisco Coloane et je viens du bout du monde !” Avec lui, quelque chose de nouveau pénétrait dans la Maison de la Littérature : la rumeur de la mer démontée et les voix, s’exprimant en toutes les langues de la planète, des milloers d’aventuriers perdus dans les plaines de la Patagonie et dans les terribles solitudes de la Terre de Feu.
Coloane avait alors trente et un ans. Il déposa deux livres sur la table : un roman, Le Dernier Mousse de la Baquedano, un émouvant récit sur la noblesse et la fidélité d’hommes amoureux d’une nature menacée, décrivant de manière sobre mais généreuse l’univers des gens de mer, que l’on ne connaissait qu’à  travers les œuvres de Conrad ou de Melville. L’autre livre était un recueil de nouvelles intitulé Cap Horn (Cabo de Hornos) , dans lesquelles il peignait des personnages, des paysages et des passions marqués par le signe tragique de l’épopée. Il laissa donc ces deux livres et repartit sans un mot, car pour les hommes du bout du monde le silence austral est la plus grande démonstration d’éloquence.

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La critique littéraire accueillit par un silence hautain les premières œuvres de Coloane. C’était un auteur inclassable, n’adoptant aucun des styles alors en vogue, peu soucieux au surplus d’écrire de “grands romans”. Enfin pour faire bonne mesure, le peu que l’on savait à  son sujet évoquait un bonhomme qui tenait davantage du pirate que de l’écrivain.
Fils d’un capitaine baleinier, Coloane avait appris a garder les deux pieds solidement posés sur terre, seule manière de résister aux vents violents de Quemchi, un port à  bois de l’île de Chiloé, où il passa ses jeunes ans. La houle déchaînée berça son enfance et ses premiers mots lui vinrent du langage âpre et précis des gens de mer, pêcheurs, baleiniers, chasseurs de phoques, plongeurs ou chasseurs de trésors…

L’œuvre de Francisco Coloane

Le Dernier mousse: le premier roman de l’auteur, paru en 1941 sous le titre El Ultimo Grumete de la Baquedano.
Tierra del Fuego: recueil de nouvelles paru en 1963 au Chili. Le titre le plus connu en Europe
Cap Horn: recueil de nouvelles paru en 1941 au Chili sous le titre : Cabo de Hornos
El Guanaco: recueil de nouvelles paru au Chili en 1981 sous le titre : El Guanaco blanco
Le Golfe des Peines: recueil de nouvelles paru au Chili en 1981 sous le titre : Golfo de Penas
Le Sillage de la Baleine: roman paru au Chili en 1962 sous le titre : El Camino de la Ballena
Antartida: roman paru au Chili en 1945 sous le titre : Los Conquistadores de la Antartida
Le Passant du nouveau monde: mémoires écrite en collaboration avec Miguel José Varga

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