L’architecture Argentine dans la Période de l’organisation nationale: 1852-1880
Après la défaite de Caseros (3 février 1852), Juan Manuel de Rosas s’exile et laisse la place à Justo José de Urquiza son vainqueur qui emmène l’Argentine dans une nouvelle phase politique.
La dichotomie civilisation-barbarie se manifeste ouvertement et est marquée par la période néo-renaissance italienne (connu en Argentine sous le nom de “style italien”); par l’expansion urbaine et le phénomène migratoire.
Avec les nouveaux arrivants sont venus de nombreux artistes, tous n’étaient pas des personnalités, mais ils connaissaient leur métier et le diffusèrent dans les classes moyennes-supérieures.
L’amélioration des moyens de communication a permis aux artistes locaux de voyager à l’extérieur et se perfectionner grâce à un système de bourses. Ces boursiers reviennent en Argentine avec un diplôme académique, ils enseignent et transmettent ce qu’ils ont appris en Europe.
La transformation de l’architecture argentine avait un message politique clair: rupture avec le passé et européanisation.
Pour cela il était nécessaire de modifier la composition ethnique et démographique du pays, d’accélérer le processus d’urbanisation et la diffusion de nouvelles normes et goûts.
C’est pourquoi les modifications ne s’opèrent pas seulement dans les bâtiments publics, mais également dans la construction domestique, qui va progressivement changer la face des villes.
Pilastres corinthiens, plinthes, corniches, balustrades, grilles garnies de métal blanc: la richesse du propriétaire, son statut social, se montre par la densité de l’ornementation et la pluralité des éléments.
Contrairement aux époques précédentes ces transformations ont été opérées non seulement à Buenos Aires, mais aussi sur le littoral jusqu’au Paraguay.
Dans ce pays, les mesures prises par les Lopez introduisent dans les bâtiments publics des lignes de style Renaissance, certaines victorienne. Ici, l’Oratoire de Notre-Dame de Asunción est une miniature des Invalides.
Les affrontements pour la obtenir suprématie politique fait qu’Urquiza, qui conçoit la construction comme la meilleure preuve de l’efficacité du gouvernement, attire des architectes et des professionnels prestigieux.
Un exemple clair de cette politique est le Palacio San José, le projet de résidence d’Urquiza réalisé par les architectes italiens Dellepiane puis Fossatti, est conçu comme une maison rustique: colombier, chapelle, jardins, arches, et une galerie sur son périmètre qui permet l’installation de l’eau courante.
Palacio San José – Entre Rios
Certains prétendent que ce luxe est ostentatoire, il ne manque ni le mirador, ni la palmeraie très apprécié en Argentine, la résidence est construite sur une estance de 2500ha entre 1848 et 1857.
La Cathédrale de Tucuman, de Catamarca, de Corrientes montrent l’influence de ce style, comme pour les théâtres et autres édifices publiques.
Les résidences somptueuses commencent à abonder dans l’intérieur du pays: balcons, tuiles du Pas de Calais. Il y eut aussi une réorganisation des terres qui a imposé la fragmentation des parcelles de l’époque coloniale, en réduisant la taille des logements populaires et en modifiant la forme traditionnelle de la maison, ce sera l’ancêtre de la “casa chorizo”.
A Buenos Aires, c’est la construction du Théâtre Colon conçu par Carlos Pellegrini, dont le toit métallique est cité par les revues spécialisées de Londres: d’aspect impressionnant mais en même temps sobre et décoré de belles peintures.
C’est également la construction de la douane Taylor, de l’ancienne législature, du Club du Progrès, la destruction du fort qui sera remplacé par la Casa Rosada, la Inmaculada Concepción à Belgrano et l’apparition du Parc Tres de Febrero en lieu et place de la Quinta de San Benito Palermo.
Sources:
- Maria Elba Torres de Morra: Ensayo sobre la arquitectura argentina – Bs As 2010
- Furlong, Guillermo: Historia social y cultural del Río de la Plata. Bs. Aires, 1969
- EUDEBA; Arquitectura en la Argentina, 1980
- Liernur, Jorge y Aliata, Fernando: Diccionario de Arquitectura en la Argentina, Bs.Aires, 2004
- Carreño, Virginia: Estancias y estancieros del Río de la Plata, Bs. Aires, 1999
- Correa, Alejandro: Hogar dulce hogar porteño y de clase media, en Todo es Historia n°320
- Gutiérrez, Ramón: Arquitectura, ideología y política en la Argentina, en Todo es Historia n°69
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