Histoire

Les Indiens d’Argentine

indien
La composition et le destin des indiens d’Amérique du Sud est fort divers. Il faut pouvoir considérer 3 périodes historiques majeures: avant l’arrivée des espagnols au XVIe siècle, pendant les conquêtes et la présence espagnole (du XVII au début du XIXe siècle) puis après l’indépendance (à  partir du premier quart du XIXe siècle). De même géographiquement, ceux-ci se repartissent entre l’Argentine, le Chili, le Brésil et la Bolivie selon une occupation territoriale délimitée par des frontières naturelles et des aptitudes diverses des populations aborigènes.

Par facilité (et abus) de langage, nous emploierons le terme d’indiens pour nommer ces peuplades autochtones synonyme de indigènes, aborigènes, originaire, natif ou encore primitives (dans le sens de premier). Indiens, Christophe Colomb les avait nommées ainsi sur le chemin qui le menait aux Indes et qu’il croyait avoir découvert.

1.1 Origine des indiens d’Argentine:

En réalité il n’existe aucune certitude, de nombreuses hypothèses suggèrent l’arrivée de populations par le détroit de Bering il y a environ 13000 ans, à  une époque de déglaciation qui permirent le passage du continent. Les populations auraient ainsi subi une longue exode chacun occupant un territoire et pour ceux qui étaient repoussés, s’enfonçant à chaque fois plus au Sud pour arriver à l’extrême Sud 2000 ans plus tard.  De récentes découvertes permettent de penser à l’existence d’êtres humains dans la région pampéenne il y a 20000 ans.

De mémoire d’homme, les premières descriptions et connaissances des indiens remontent au XVIe siècle, des relations qu’écrivirent les explorateurs, découvreurs et conquistadores, des chroniques au XVII et XVIIIe qu’écrivirent les membres d’ordres religieux et des documents épars d’aventuriers, fonctionnaires civils et militaires jusqu’au début du XXe siècle.

Dans les régions de Patagonie et Terre de Feu, les premiers témoignages viennent en particulier de Antonio Pigafetta et Maximiliano Transilvano, compagnon de Magellan (1520) et de Francis Fletcher qui appartenait à  la flotte du célèbre Francis Drake (1578).

Dans les régions Pampéenne, l’unique témoignage premier revient à  un soldat allemand Uldrich Schmidel, ayant appartenu à  l’expédition de Pedro de Mendoza lors de la première fondation de Buenos Aires en 1536.

Dans le Nord-Ouest Argentin, il nous reste les écrits de Pedro Sotelo Narvaez (1583) et Alfonso de Barzana (1594).

Puis la somme des documents et des contributeurs permet de compléter le tableau en y associant l’ensemble des peuplades, sédentaires et nomades qui peuplaient ce vaste territoire.
indiens d'argentine

1.2 La population indigène d’Argentine: Époque précolombienne, avant la conquête inca puis espagnole

Sur l’actuel territoire argentin, il coexistait une vingtaine de peuplades depuis les endroits reculés de la Puna (hauts plateaux des Andes) vers la frontière actuelle de la Bolivie et les régions des missions vers le Paraguay jusqu’aux régions australes de Terre de Feu.
A partir de 1471 environ, un des plus grand peuple d’Amérique du Sud à  cette époque – les Incas – pénétrait profondément sur un territoire couvrant sept des provinces actuelles.

1.2.1 Du Nord au Sud, ces peuplades étaient les suivantes:

  1. Atacamas
  2. Omaguacas
  3. Diaguitas
  4. Lule-Vilelas
  5. Tonocotes
  6. Sanavirones
  7. Comechingones
  8. Huarpes
  9. Chiriguanos
  10. Wichis
  11. Guaicurus
  12. Guarani­s
  13. Charruas
  14. Querandi­s
  15. Pampas
  16. Pehuenches
  17. Mapuches (Araucan)
  18. Tehuelches
  19. Selk’nam (Onas)
  20. Yamanas (Yahgan)
  21. Haush

1.2.2 Tribus, sous-tribus et peuplades indiennes d’Argentine, les régions et les dialectes:

Région du Nord-Ouest:
Cacanos ou Diaguitas-calchaqui­es cacana et dialectes calchaqui­ et diaguita
Omaguacas quechua et aymará
Apatamas de la Puna (Moretas, Casabindos et Cochinocas) qunsa
Région chaqueña (du Chaco):
Guaicuries, Abipones, Mbayaes, Mocovi­es,Payaguaes, Pilagas, Tobas toba, abipon et mocovi­
Wichis, Chorotes, Maccaes, Ashluslay wichi
Tonocotes, Mataras, Guacaras tonocote et matara
Région Mésopotamique:
Charruas et Bohanes chana
Guinuanes guinuan
Mocoretis, chanaes, Mbeguaes, Quiloazas, Calchines, Timbies, Carcaraiaes, Cainguaes, Chiriguanos guarani­
Région Centrale:
Pampas, Querandis querandi
Lules et Vilelas lule et vilela
Comechingones henia et caimares
Sanavirones sanavirón
Région Cuyana (Cuyo):
Huarpes allentiac et milcayac
Olongastas de la plaine non connu
Capayanes capayán
Région Patagonique continentale:
Mapuches mapuche
Puelche günunë
Tehuelche, Aoekenk, Tehuesh aoekenk et tehuesh
Région Fuégine (Terre de Feu):
Onas ou Selk’nam et Haush selk’nam et haush
Yamanas ou Yahgan yamana
Alakalufes non connu
Lire aussi  L'Argentine > de la révolution à la république - Partie 1

De toutes ces peuplades originaires, dix ont disparus, quelques unes aux premiers temps de la colonisation (comme les Abipones, Querandi­es, Comechingones et Sanavirones), les autres entre le XIX et le XXe siècle (Yamanas, Onas, Atacamas, Tonocoté-Lule-Vilelas, Puelches, Huarpes).

1.3 Les indiens d’Argentine aujourd’hui

Actuellement, 19 peuplades indigènes habitent le territoire d’Argentine avec une importante diversité linguistique.

indigenes argentine

1.3.1 Répartition géographique actuelle:

Région Nord-Est:

  • Tobas
  • Mocovi­es
  • Pilagás
  • Wichis
  • Chulupi­es
  • Mbya-Guarani­es
  • Chorotes

Région Nord-Ouest

  • Kollas
  • Wichis
  • Tobas
  • Tapietes
  • Tupi­-Guarani­es
  • Chulupi­es
  • Chorotes
  • Diaguitas-Calchaqui­es
  • Chanés
  • Chiriguanos
  • Huarpes

Région Centrale:

  • Huarpes
  • Rankulches (Ranqueles)
  • Tobas
  • Kollas
  • Mapuches (Araucan)

Régions Sud (Patagonie et Terre de Feu ):

  • Mapuches (Araucan)
  • Tehuelches:  Künün-a-Güna (Tehuelche du Nord) / Küwach-a-Güna (Tehuelche de la montagne) / Mecharnuekenk (Tehuelche du centre) / Aonikenk (Tehuelche du Sud)
  • Onas (Selk’nam)
  • Yahganes (Yamanas)

1.3.2 Les ethnies les plus représentatives sont:

  • Tobas, les 50 à  60.000 descendants habitent les provinces de Formosa, Chaco, Salta et Santa Fe et dans des quartiers pauvres de Buenos Aires et Rosario. Au XVIe siècle, ils ont été presque 200.000 âmes (avec d’autres ethnies).
  • Wichis, dans la région chaqueña, en limite avec le Paraguay, ils sont au nombre de 80.000, ils avaient été 100.000 au XVIe siècle
  • Kollas des provinces de Jujuy et Salta (avec Chile et Bolivie) la population s’estime 170.000 personnes, ils sont étroitement liés avec la culture et la langue Quechua et Aymará.
  • Calchaqui­es-Diaguitas comptant plus de 400.000 individus, ils ont peuplés le Nord-Ouest du pays et le centre ainsi que la région du Cuyo. Actuellement environ 6000 vivent dans les vallées Calchaquies de Tucuman et Catamarca. Il existe des communautés organisées comme celles de Quilmes, Amaicha del Valle et los Llampas.
  • Mapuche, ils se retrouvent en majorité dans le Nord de la Patagonie. Ils sont environ 90000 sur le territoire argentin et 1 million au Chili. Son identité forte l’amène à  défendre sa culture et sa langue.

1.3.3 D’autres groupes de moindres importances sont représentés par:

  • Mbya-Guarani­es, ils sont entre 3 et 5.000 individus qui habitent entre le Nord-Est argentin, le Paraguay et le Brésil
  • Mocovies dans la province de Santa Fé et dans le Chaco au nombre de 7.000.
  • Pilagá, du même groupe linguistique que les Mocovies, ils sont environ 5000 dans les provinces de Formosa et du Chaco
  • Tehuelches, ils seraient environ 2.000 dans les provinces les plus australes de la Patagonie. Certaines études les considèrent disparus.
  • Chorotes (900 âmes) et Chulupi­es (1200) dans les régions de Salta et Formosa
  • Chaco, ils forment avec les Wichis la famille Mataco-Mataguayo

De cette approximation, on peut estimer à  environ 400 000 les indigènes appartenant aux peuplades significatives (50 000) que sont les Kollas, Tobas, Wichis et Mapuches et autres 30 à  40000 individus d’ethnies à population réduites (des groupes de moins de 10000)

D’autres estimations d’organisations indigènes et d’ONG calculent ce nombre à  900 000 dont la moitié vit en 800 communautés.

Selon le dernier recensement effectué en Argentine en 2010, 955 032 personnes interrogées se considéraient comme indigènes ou descendants, soit environ 2,4% de la population totale du pays

2 Commentaires

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  • Bonjour,

    J’aimerai tout d’abord vous remercier pour ces informations.
    J’ai 22 ans et me prépare à repartir en Argentine en début d’année prochaine.
    Je souhaiterai savoir par quel moyen prendre contact avec ces populations ?
    J’ai soiffe de connaitre l’histoire de mon pays et je reve de pouvoir apprendre avec eux..
    mes meilleures salutations

    sincérement

    Alicia

    • Message découvert près de 2 ans après son émission…la réponse est donc un peu tardive… Si vous passez, dans votre périple, par El Calafate (près des glaciers des Andes), vous avez à l’entrée (nord) de la petite ville 2 sources précieuses d’informations :
      – une photographe qui rassemble un corpus très riche de photos, témoignages, récits, objets, sur les indiens de Patagonie. Elle a été contactée pour des expositions à Paris et Arles et connait son sujet.
      – un tout petit musée (ignoré des touristes…) animé par deux vieux et sympathiques habitants et témoins de la culture patagone. Beaucoup d’objets, photos, récits sur les indiens Téhuelches et les traces qu’ils ont laissé. S’il reste encore quelques témoins vivants dans le secteur, ces 2 gardiens de mémoire doivent pouvoir vous renseigner. Ils sont bavards et très intéressants.
      Bonne chance