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Ernesto Sabato > dernier géant de la littérature argentine

Ernesto Sabato
L’écrivain argentin Ernesto Sabato (1911-2011) était le dernier des géants de la littérature argentine du XXe siècle, aux côtés de Jorge Luis Borges, Adolfo Bioy Casares et Julio Cortazar.
Un trilogie romanesque lui aura apporté la consécration internationale: “Le Tunnel”, “Alejandra” (Héros et Tombe) et “L’Ange des Ténèbres”.

Salué en son temps par Albert Camus lors de la parution de son premier roman Le Tunnel en 1948 et traduit en français en 1966. Avec Borges, ils appartenaient tout deux à cette race d’écrivains métaphysiques.

Je me suis formé à l’époque où Borges était déjà un écrivain très important. Et au même moment, mais de l’autre côté, il y avait un autre écrivain moins connu, Roberto Arlt, mélange de Dostoïevski et de Paul de Kock. C’était un existentialiste “hors la lettre”, un écrivain excentrique qui s’était formé à partir de traductions indirectes de classiques européens, un écrivain d’une force exceptionnelle, célèbre pour ses chroniques noires et ses reportages sur le monde du football… Ma littérature est donc née d’une certaine hybridation entre ces deux courants : celui des écrivains “aristocratisants” de la revue Sur et celui des écrivains dits populaires du type Arlt.

Docteur en physique, peintre et intellectuel engagé, il fut anarchiste puis communiste; ses romans sont une plongée solitaire vers les abîmes de la conscience et du cœur humain, il atteint des profondeurs dont il est difficile de revenir.

On s’embarque pour des terres lointaines, on cherche la nature, on est avide de la connaissance des hommes, on invente des êtres de fiction, on cherche Dieu. Et puis on comprend que le fantôme que l’on poursuit n’est autre que Soi même.

Doutant de la bonne foi démocratique des soviétiques après une formation à Moscou, il devient un humaniste existentialiste militant.

De combien d’actions atroces cette maudite division de ma conscience n’a-t-elle pas été coupable! Pendant qu’une part de moi-même m’inspire une belle attitude, l’autre en dénonce le mensonge, l’hypocrisie, la fausse générosité. Le Tunnel, p. 79.

Sábato dira à propos de son deuxième roman:

Ces obsessions initiales qui me donnaient le commencement et le dénouement de l’œuvre, doivent être respectées, justement parce qu’elles sont des obsessions, c’est-à-dire des visions profondes d’une réalité qu’on n’arrive pas encore à distinguer clairement.

Il passera sa vie à s’interroger sur la condition humaine, le rêve et la définition de la réalité, et rejettera de toutes ses force le naturalisme et le scientisme. Ses réflexions sur le monde lui confère une grande notoriété, inversement proportionnelle à sa production littéraire. Ne pouvant plus écrire à cause de problèmes de vue, il passera ses dernières années à peindre, sa passion de jeunesse. Il aura été toute sa vie un admirateur de l’Art, de la grande littérature et leur capacité salvatrice.

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