La carte de l’Antarctique sans glace

La carte la plus détaillée à ce jour du paysage situé sous la calotte glaciaire de l’Antarctique a été établie par une équipe de scientifiques internationaux dirigée par le British Antarctic Survey (BAS).
La nouvelle carte, appelée Bedmap3, lève le voile glacé de l’Antarctique.
Elle est l’aboutissement de plus de 60 années d’études.
Bedmap3 combine des données provenant d’avions, de satellites, de navires et même de traîneaux tirés par des chiens pour créer un portrait vivant de l’Antarctique, comme si ses 27 millions de kilomètres cubes de glace avaient disparu.

La topographie du substratum rocheux sous l’inlandsis antarctique est essentielle pour comprendre le mouvement dynamique de l’inlandsis, son épaisseur et son influence sur l’océan environnant et le climat mondial.
En 2001, le British Antarctic Survey (BAS) a publié une carte du lit sous l’inlandsis antarctique et des fonds marins s’étendant jusqu’au plateau continental, dérivée des données collectées par un consortium international de scientifiques au cours des cinquante dernières années.
Le jeu de données qui en résulte est appelé BEDMAP (ou BEDMAP1).
En 2013, BAS a publié une mise à jour du jeu de données topographiques appelée BEDMAP2, qui intègre vingt-cinq millions de mesures prises au cours des deux dernières décennies à partir du sol, de l’air et de l’espace.
Cette visualisation compare le nouveau jeu de données BEDMAP2 au jeu de données original BEDMAP1, montrant les améliorations en termes de résolution et de couverture.
Depuis 2009, la mission Operation IceBridge (OIB) de la NASA a fait voler des avions au-dessus de l’inlandsis antarctique avec des instruments laser et des radars pénétrant dans la glace pour collecter des données sur la hauteur de la surface, la topographie du substratum rocheux et l’épaisseur de la glace.
Cette visualisation met en évidence la contribution de l’OIB à cet important ensemble de données.
La topographie dans cette visualisation est exagérée pour souligner le relief topographique.
Le degré d’exagération varie en fonction du point de vue, de vingt fois pour les vues éloignées à neuf fois pour les vues proches de la baie de l’île du Pin en mer d’Amundsen.

La résolution de Bedmap3 est sans précédent

La carte est quadrillée à des intervalles de 500 mètres, alors que les cartes précédentes utilisaient des grilles de 5 kilomètres.
Cette échelle plus fine permet aux scientifiques de voir des caractéristiques telles que les montagnes et les vallées sous-glaciaires qui étaient auparavant floues ou invisibles.
La localisation de la glace la plus épaisse constitue une révision frappante.
Les cartes précédentes désignaient le bassin de l’Astrolabe, en terre Adélie, comme le détenteur du record.
Mais Bedmap3 révèle que le véritable poids lourd se trouve dans un canyon sans nom de la Terre de Wilkes (elle s’étend entre la terre d’Enderby à l’ouest et la terre Adélie à l’est), où la glace atteint une épaisseur stupéfiante de 4 757 mètres, soit plus de 15 tour Eiffel.

• Volume total de la glace de l’Antarctique, y compris les plates-formes glaciaires : 27,17 millions de km³
• Superficie totale de la glace de l’Antarctique, y compris les plates-formes glaciaires : 13,63 millions de km²
• Épaisseur moyenne de la glace de l’Antarctique, y compris les plates-formes glaciaires : 1 948 m (sans les plates-formes glaciaires : 2 148 m)
• Élévation potentielle du niveau de la mer à l’échelle mondiale si toute la glace fondait : 58 m

Peter Fretwell, spécialiste en cartographie et co-auteur à la BAS, explique : “D’une manière générale, il est devenu évident que l’inlandsis antarctique est plus épais qu’on ne le pensait et qu’il comporte un plus grand volume de glace reposant sur un lit rocheux situé au-dessous du niveau de la mer. Le risque de fonte de la glace est donc plus élevé en raison de l’incursion d’eau océanique chaude qui se produit aux frontières du continent. Bedmap3 nous montre que l’Antarctique est un peu plus vulnérable qu’on ne le pensait”.