Histoire Terre de Feu

Le Cap Horn: le chant des sirènes

cap horn
A l’heure où les terriens du Dakar affrontent les immensités de la Pampa et des Andes, les marins du Vendée Globe avec Michel Desjoyeaux en tête, passent le redoutable Cap Horn
Le Cap Horn, rocher mythique si il en est. Un caillou posé à  l’extrême pointe de l’Amérique du Sud; en terre chilienne. Par 55° 58′ 47”Sud et 67° 17′ 21” Ouest. Le cap Horn surnommé le cap Dur, le Rocher, par les navigateurs, n’existe que depuis le 16ème siècle, lorsque le corsaire de sa Gracieuse Majesté, Sir Francis Drake, l’eut franchi en 1578. Il laissera son nom au détroit qui sépare la Terre de Feu de l’Antarctique (le passage Drake), prolongé à  cette longitude par la presqu’île de Graham et les îles de Shetland du Sud. Un passage de seulement 550 milles entre ces deux continents. Mais pour des raisons d’État, le chemin fut gardé « secret défense » par l’Amirauté britannique jusqu’à  ce que les Hollandais, las du monopole du commerce imposé par la Compagnie des Indes qui contrôlait le détroit de Magellan, n’arment deux navires commandés par Willem Cornelisz Schouten et financés par Jacob Le Maire (qui donna son nom au détroit entre l’île des Etats et la Terre de Feu).

L’Eendracht (La Concorde, 360 tonneaux, 65 hommes, 19 canons) et le Hoorn (110 tonneaux, 22 hommes, 8 canons) partirent de Texel le 14 juin 1615 pour trouver une issue autre que le détroit de Magellan (1519), premier européen à  découvrir le Pacifique. Le Hoorn disparut dans un incendie au large des côtes de Patagonie, mais La Concorde réussit son pari : « Le 31 janvier 1616, vers midi, on doubla un cap formé de deux montagnes pointues et d’une hauteur extrême. C’était la pointe ultime de la Terre de Feu. Le capitaine lui donna le nom de sa ville : Kaap Hoorn. Depuis, nous n’eûmes plus de terre par proue, ni plus de doute que nous fussions dans le Grand Océan Pacifique ».

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Dans les traditions des marins de la Royale, celui qui passe le Horn acquiert le droit de cracher au vent et les marins anglais avaient ce dicton: “Si tu veux vivre vieux ne passe pas par le Horn“. On ne dénombre pas moins de 76 épaves en 400 ans de franchissement du Cap;  sur la “route de l’or” entre New York et San Francisco mais aussi la “route du nickel” entre Le Havre et la Nouvelle-Calédonie. Certains navires mettaient plus d’un mois à  le dépasser et dans certains cas (nombreux) ils devaient faire demi-tour pour entreprendre un tour du monde…plus rapide.

Laissons conclure le célèbre écrivain chilote Francisco Coloane qui écrivait : « Les marins prétendent qu’à  un mille de ce tragique promontoire, témoin de l’incessant duel que se livrent au Cap Horn les deux plus grands océans, le Diable veille au fond des eaux, harnaché de chaînes et de fers qui grincent épouvantablement les nuits de tempête, quand les flots montent à  l’assaut des ombres… »

Le Cap Horn sur Google Maps:

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