Le Poncho des Andes à la Pampa

L’Espagnol reçoit peu après les débuts de ses conquêtes en Amérique l’influence des cultures tisserand du Mexique et de la partie andine du continent sud américain.
Le mélange des savoir-faire et des goûts autochtones et métisses ont établis une synthèse entre les cultures et la fabrication de la toile qui sert à sa confection. Le poncho a rapidement été adopté et sa diffusion a été amplifiée dans les campagnes et dans les villes. Il devient partie intégrante des vêtements et accessoires (pilchas) du gaucho grâce à son aspect multi-usage

Au XVIIIe siècle l’utilisation du poncho se rencontre depuis la Californie jusqu’au détroit de Magellan. En Argentine son usage se répand mais son origine de fabrication reste le Nord Ouest du pays et le centre (Salta, Catamarca, Cordóba, Santiago del Estero notamment).

Les ponchos diffèrent entre eux selon leur mode de confection (ex. apala) et leur aspect (ex. balandran, vichara), par leur matière (ex.bayeta)…le type de laine utilisé (coton, alpaca, lama, vigogne, guanaco, mouton).
Le poncho possède également son langage qui se traduit par le choix des couleurs, de la forme (poncho Apala, poncho Patria, poncho Calamaco, poncho Vichara) et des motifs, il peut exprimer une appartenance, une identité, un rang social.

Le mot poncho en lui-même a souvent été attribué en Argentine au vocable Araucan “pontho” ou “pontro”. Une théorie qui a perduré mais qui lui est en réalité étranger, d’autres l’attribuent au vocabulaire marin espagnol et lui donne une origine ibérique. Le plus probable serait un vocable Quechua “punchu” qui a été “espagnolisé”

Emeric Essex Vidal en fait une bonne description dans les “illustrations pittoresques de Buenos Aires et Montevideo” parut à Londres en 1820:

Le poncho, ou vêtement d’extérieur utilisé par tout les campagnards de cette province (du rio de la Plata) se compose de deux pièces de toile de 7 pieds de long et deux de large, cousues entre elles sauf au centre où se laisse un espace suffisant pour y passer la tête. Le mot en espagnol signifie haragan (paresseux) et s’applique à ce vêtement qui se révèle incommode lorsque l’on doit effectuer des mouvements pour travailler.

Arsène Isabelle qui vécut en Argentine de 1830 à 1834 complète cette description:

Le poncho est un vêtement indispensable pour voyager à cheval, il protège à la fois de la pluie, de la poussière, du chaud et du froid.

Alcides d’Orbigny décrit son usage:

Chaque homme possède son propre poncho. Quand il va a pied il l’enroule autour de son corps pour se protéger de du froid et de la pluie, quand le temps est au beau il le porte roulé sur l’épaule. Quand il est à cheval dans un premier cas passe la tête par le trou pour protéger tout le corps et les cuisses ou dans un deuxième il est enroulé autour de la ceinture. Par tous les temps il sert de couverture pour dormir.

  • Poncho a pala: poncho commun de laine de mouton ou de vigogne de couleur naturelle marron-beige a franges plus claires ou plus foncées. La pala est l’outil principal qui participe à la technique de tissage utilisé par les indiens.
  • Poncho Patria: poncho avec un col et une doublure (de bayeta) adopté par l’armée au XIX de couleur bleu foncé sur le recto et rouge au verso
  • Poncho Calamaco: poncho ordinaire plus rond et plus court que l’Apala, qui couvre le torse, le dos et les bras jusqu’aux coudes; de couleur tendant vers les rouges
  • Poncho Vichara: le poncho de “pauvre” de confection grossière de couleur gris ou bleu ciel avec des franges noires ou de couleur sombre.


En Argentine, chaque Province a adopté selon sa propre histoire des motifs différents.
Ainsi se distingue les ponchos de la Pampa au motif “pampa” que l’on appelle “guarda pampa”. Le motif peut être de couleur blanche ou noire selon son fond noir, marron, bleu foncé ou bleu ciel… le poncho salteño (de la province de Salta qui est traditionnellement rouge foncé avec deux bandes noires; il rappelle le drapeau du général Güemes qui a lutté pour l’indépendance (lors des “guerras gauchas” sur le poncho ont été ajouté deux bandes noires en signe de deuil); le poncho de Patagonie qui est dans les gris ou marrons beiges tout comme le poncho jujeño (de la province de jujuy…

Les plus beaux et les plus finement travaillés se trouvent aujourd’hui dans les vallées Calchaquis (les artisans de Seclantás)de la province de Salta et à Belèn dans la province de Catamarca. Ils sont réputés pour leur laine de vigogne qui une fois tissé serré sont chaud, imperméable tout en étant léger et souple.

2010 a vu le 40ème Festival National du Poncho à San Fernando de Catamarca (qui a lieu chaque année au mois de juillet). Un événement majeur pour cette industrie artisanale où le savoir-faire et les ateliers tendent à disparaitre.

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