Oscar Alemán (1909-1980) > un guitariste magique


Les qualificatifs à l’endroit d’Oscar Alemán reflètent à sa juste valeur le talent de cet argentin génial (presque) oublié et ignoré par ces compatriotes. Et pour cause, on associe trop vite un musicien argentin à un joueur de tango.
Cet enfant du Chaco, une région pauvre du nord de l’Argentine, a animé pendant l’entre deux-guerres les cabarets et club de jazz parisiens avec sa guitare et son swing-jazz unique teinté d’hispanité, de vitalité et de fraicheur fugace.
Son grand admirateur fut Django Reinhardt lui-même, et d’aucun affirment que la hauteur de leur talent était égal à la rivalité cordiale qui les animaient. Une amitié sincère sans doute partagée même si l’on regrette qu’ils n’aient jamais enregistré ensemble alors qu’ils ont joué quelques boeufs mémorables pour les quelques privilégiés présents.

Oscar Alemán est sans aucun doute l’un des plus grands guitariste du XXe siècle. Autodidacte, ne sachant pas lire la musique, il est un guitariste magique.

Il produit un swing colossal et je ne suis pas certain de ne pas le préférer à Reinhardt. Comme soliste également il est renversant avec un son et un style particuliers.
James Holloway -Down Beat- août 1939

Son parcours suit une trajectoire lumineuse. Guitariste de talent il forme un duo avec un autre guitariste brésilien et se produit à Buenos Aires. Ils signent rapidement chez le fameux label Argentine Victor.
A la découverte du jazz dans les années 30, il rejoint Paris où il est très vite engagé par Josephine Baker herself pour faire partie de son orchestre les “Baker Boys”. Il pourrait aussi bien jouer avec Duke Ellington mais c’est sans compter les griffes de Joséphine. Cela ne l’empêche pas de croiser et d’enregistrer un titre avec Louis Armstrong et d’animer par la suite avec les nuits du Chantilly Club quand Django animait celles du club rival avec Grapelli.

A l’aube de la seconde guerre mondial, Oscar Alemán rentre en Argentine sans pour autant abandonner sa passion et son excellence.
A l’occasion de sa visite à Buenos Aires en septembre 1968, le grand Duke Ellington surprend les journalistes en demandant avant toute chose des nouvelles d’Oscar.
Précurseur de la guitare de jazz, il continuera dans un Quintet, se produira pendant plusieurs saisons à Mar del Plata et se dédiera à l’enseignement jusqu’en 1980 où il meurt dans l’oubli.

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Oscar Aleman – Bésame mucho

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