L’huile d’olive, nouvel or jaune de l’Argentine


La légende raconte que le vice-roi de l’Alto Pérou à la fin du XVIIe ordonne l’arrachage de tous les oliviers du territoire pour mettre fin à la concurrence avec l’Espagne. Une vieille femme du village d’Aimogasta dans l’actuelle province de La Rioja réussit cependant à cacher un plant à la vue de ceux qui étaient venus pour faire appliquer cette décision arbitraire.
De cet unique plant qui subsistait naquit une nouvelle variété qui s’est répandu dans toutes les contrées et qui a reçu le nom d’Arauco.

Cette variété argentine Arauco est à l’olive ce que le Malbec est au raisin.

Mise à part cette légende, qu’elle soit véridique ou non, il est certain que l’oléiculture démarre sur le continent sud-américain quand Don Francisco de Aguirre apporte en 1562 les premiers pieds d’olivier dans la région du Cuyo (région de Mendoza) en provenance du Pérou qui eux-mêmes venaient du Mexique et avant cela d”Espagne.

Un bond en avant nous amène à la fin du XIXe quand la vague migratoire à dominante latine dont la cuisine utilise l’huile d’olive fait augmenter la production et la consommation interne argentine.
Les années 1930 et 70 ont vu la volonté de développement de la production nationale mais sans succès. C’est réellement à partir des années 90 que le secteur oléicole connait un essor important: devant la hausse des cours mondiaux et la diminution de la production du bassin méditerranéen, l’Argentine entreprend un vaste plan de développement avec la plantation de pas moins de 70 000 hectares qui viennent s’ajouter aux 20 000 existants.

60% de la production sera destinée à la production d’huile d’olive contre 40% auparavant.
Entre 1998 et 2010, la production d’huile d’olive augmenté de 850% en Argentine.

Les principales régions productrices:

Actuellement, l’Argentine compte environ 115 000 hectares d’oliveraies. Les principales régions productrices sont La Rioja (env 30% de la surface totale), Catamarca (20%) San Juan (18%), et Mendoza (18%), autrement dit les grandes régions viticoles; dans une moindre mesure Cordoba et Salta mais aussi vers Tres Arroyos au sud de la province de Buenos Aires.

Les variétés d’olives cultivées, leur origine et la répartition en Argentine:

  • Arauco (Argentine), la variété locale mais plus difficile à dénoyauter. Majeure production dans la région de La Rioja et Mendoza.
  • Arbequina (Espagnole, Catalogne), on la retrouve surtout dans la région de Cordoba. Variété majoritaire dans la région de Buenos Aires.
  • Barnea (Israël, Kadesh Barnea)
  • Changlot Real (Espagnole), la plus reconnue pour ses qualités gustatives. Cultivée principalement dans la région de San Juan et Mendoza.
  • Coratina (Italienne, Bari)
  • Empeltre (Espagnole)
  • Farga (Espagnole)
  • Frantoio (Italienne, Toscane), on la retrouve surtout dans la région de Cordoba
  • Manzanilla (Espagnole, Séville), la plus cultivée en Argentine, destinée principalement à la conserve.
  • Picual (Espagnole) la variété la plus répandue dans le monde.

Pour l’olive de table, la récolte a lieu entre janvier et février; pour l’huile entre mars et mai voire juin dans certaines régions.

Les grands pays producteurs actuels, Espagne et Italie en tête, se situent tous dans le bassin méditerranéen. Entre eux, l’Argentine se place entre la 8e et la 10eme place en volume de production de l’industrie oléicole mondiale et premier producteur sud-américain.
Respectivement, l’Argentine produit aujourd’hui environ 25000 tonnes d’huiles d’olives et environ 90000t d’olives de tables. Le marché intérieur de la consommation est relativement important et ne cesse de croitre depuis que l’huile d’olive est reconnue pour ses qualités nutritionnelles. Elle exporte les 2/3 de sa production (Brésil, États-Unis, Europe…).
En qualité, l’Argentine produit environ 15% de l’extra-vierge mondiale (Espagne 60%)

L’Argentine se présente comme un pays en devenir pour la production d’huile d’olive au moment où certains des grand pays producteurs (Grèce, Espagne, Portugal) connaissent une période de crise économique. Au même titre que le Chili, l’Australie et Californie. A savoir, l’olive (Olea europaea) est le fruit le plus cultivé de part le monde. Les 50 dernières années ont vu sa surface cultivée passer de 2,5 millions d’hectares à 8,5 millions.

L’industrie oléicole est un secteur en pleine expansion en Argentine mais où les rendements restent encore légèrement en dessous de la moyenne européenne avec 1,6 t/ha et 140kg d’huile par tonne d’olive.

Senasa: Servicio Nacional de Sanidad y Calidad Agroalimentaria, Mondoliva et la FAO