Jacques de Liniers #2/5

Jacques de Liniers arrive à Buenos Aires

Jacques de Liniers est envoyé par le gouvernement espagnol à La Plata en 1788.
Pendant quatorze longues années à partir de 1792, le gouvernement espagnol oublia Liniers. Pourtant, en Amérique comme en Europe, il rendit d’utiles services.

De 1796 à 1802 surtout, il sut, à l’aide d’une flottille de chaloupes canonnières qu’il avait organisée à Montevideo, défendre les côtes de la vice-royauté contre les croiseurs anglais, et assurer le commerce d’une rive à l’autre du Rio de la Plata. Ce fut pendant cette dernière période qu’il se lia en 1800, avec le Marquis de Sassenay, dont les hasards de l’émigration avaient fait un subrécargue (personne qui représente à bord d’un navire le propriétaire de la cargaison) sur un navire de commerce américain, avec celui qui devait être plus tard l’amiral Jurien (Pierre Roch Jurien de La Gravière, vice-amiral et pair de France). Liniers engagea différents combats contre les Anglais, les tint éloignés des côtes et fit partout respecter le pavillon espagnol. Cette état de guerre dura jusqu’à la paix d’Amiens (1802).

Après la paix d’Amiens, le vice-roi lui confia par intérim le gouvernement politique et militaire des anciennes missions du Paraguay que les jésuites avaient fondées (expulsion des jésuites en 1767 ). Il y passa trois ans et revint à Buenos Ayres en 1805 pour y reprendre le commandement de la flottille. Le voyage de retour fut marqué pour lui par un grand malheur. Mme de Liniers (du nom de jeune fille María Martina Sarratea) fut surprise en route par les douleurs de l’enfantement et mourut en mettant au monde une fille, faute des soins nécessaires.
Les incessantes attaques des anglais ne laissèrent guère à Liniers le temps de s’abandonner à son chagrin.

Il lui fallut pendant toute l’année 1805 lutter avec le peu de force dont il disposait contre des ennemis chaque jour plus hardis. C’était le prélude d’un redoutable orage qui allait fondre sur la colonie.

L’Angleterre dont le commerce était fort éprouvé par la guerre qu’elle soutenait depuis 1803 contre la France et l’Espagne, cherchait partout des débouchés pour ses produits. Depuis longtemps le cabinet de Saint-James avait les yeux fixés sur l’Amérique méridionale et songeait à mettre la main sur l’une ou l’autre des colonies dont l’Espagne tirait un si mauvais parti.

Pourtant, aucune expédition n’avait encore était projetée, lorsqu’en 1806 le commodore Sir Home Popham, qui s’était emparé l’année précédente de la colonie hollandaise su cap de Bonne-Espérance, eut l’idée d’employer les forces dont il disposait à la conquête du Rio de la Plata. Popham savait que la colonie n’était défendue que par un petit nombre de soldats espagnols, et il croyait, sur la foi de renseignements apportés par un capitaine américain, que les habitants détestaient le joug de la mère patrie, ce qui était vrai, et accepteraient volontiers la domination anglaise, ce qui était faux.

Les Anglais sur le rio de la Plata

Alors que les Anglais son alliés au Portugal et à l’Espagne contre les français, que Wellington mène le combat contre troupes napoléoniennes, les anglais profitent de la faiblesse de la couronne espagnole pour tenter de s’emparer de leur colonie.

Sans (officiellement) consulter son gouvernement, il mit à la voile en avril 1806 avec une escadre de 6 frégates, de 3 corvettes et de 5 transports qui portait un petit corps expéditionnaire de 800 highlanders du 71e et de 600 soldats de marine, sous les ordres du général Beresford. C’étaient de vaillants soldats et un chef éprouvé.

Le 71e régiment de Highlanders avait de glorieux états de service. Il s’était surtout signalé en 1799 sous les ordres de sir Sidney Smith dans cette célèbre défense du Saint-Jean D’Acre qui, au dire de Napoléon, lui avait fait manquer fortune.

Quant à William Carr Beresford, il comptait déjà parmi les plus brillants officiers de l’armée anglaise.
Depuis le commencement des guerres de la révolution, il n’avait pour ainsi dire pas remis l’épée au fourreau. Il avait pris part au siège de Toulon, à la conquête de la Corse, à la guerre de Saint-Domingue, à la dernière lutte contre Tippou-Saïb et à la campagne d’Égypte, dans laquelle, sous les ordres de David Baird, il avait exécuté avec son régiment cette merveilleuse marche de neuf jours à travers le désert, de la Mer Rouge au Nil, qui avait rendu légendaires les noms de tous les chefs qui l’avaient dirigée. Tout récemment, enfin, il avait contribué à la conquête des possessions hollandaises du cap de Bonne–Espérance.

Favorisée par de bons vents, l’escadre anglaise ne s’attarda pas trop dans sa traversée de l’Atlantique. Le 10 juin, elle fit son apparition dans les eaux du Rio de la Plata…

Jacques de Liniers – première partie – 1753-1792
Jacques de Liniers – deuxième partie – 1792-1806
Jacques de Liniers – troisième partie (1806)
Jacques de Liniers – quatrième partie (1807)
Jacques de Liniers – cinquième partie -1807-1810

Sources:
Jacques de Liniers par le Marquis de Sassenay, Paris 1892
Les Contemporains, N°852, Paris 1909

Articles en relation