Instrument symbole du Tango > le bandoneón


L’histoire du bandoneón commence en Allemagne en 1854. Inventé par Hermann Uhlig, il arrive, (selon la légende) à  Buenos Aires par l’intermédiaire d’un marin anglais ou irlandais qui l’échangea pour une bouteille de whisky. Il devient un instrument du Tango vers 1890 alors qu’il n’existait que la guitare et la flûte auquel se rajouta le violon et plus tard le piano puis finalement le bandoneón.
Pourquoi le bandoneón? sa particularité réside dans le fait qu’il possède des sons « dramatiques », « tristes », « a tercio pelado » selon l’expression consacrée de ses musiciens et des bandoneonistas.
Il s’impose naturellement et devient alors l’instrument phare et de référence pour le Tango. A tel point que pendant l’année 1930, le fabricant allemand Alfred Arnold exporte vers l’Argentine presque 25000 bandoneón.
Le bandoneón est comme un petit orgue, par manque d’argent pour acheter un harmonium, il fut inventé et fabriqué. Il s’appelait alors « bandonium » et servait à jouer des musiques sacrés dans les églises.
Selon Astor Piazzola, le maître du bandoneón, il est un instrument qui fait « travailler le cerveau » car il possède 4 techniques complètement différentes.
La main droite et la main gauche qui saisissent le bandoneón de chaque côté, agissent de manière complètement indépendante et le clavier rend un son différent selon si l’on ouvre ou ferme l’instrument. On dit qu’il est diatonique.
Les accords se font comme sur le piano, le clavier peut agir comme une pédale et les sons rendus peuvent se rapprocher de ceux de l’orgue. Main gauche+main droite+ouvrir ou fermer, cela rend 4 techniques différentes.

Astor Piazzolla y su Quinteto Tango Nuevo (1984)

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Accordéon/bandoneón: en quoi diffèrent-ils?

Différence majeure :

Sur l’accordéon, à  la main gauche, un appui sur une touche produit un accord de plusieurs sons. La main droite occupe la partie mélodique et la main gauche le remplissage harmonique. Il résulte de cela une certaine facilité pour jouer quelque chose de riche harmoniquement, par contre, impossible de sortir des 3 types d’accords (mineur, majeur, 7ème de dominante).
En comparaison, sur le bandonéon, à  la main gauche comme à  la main droite, l’appui sur un bouton génère une seule et même note. La conséquence est une plus grande complexité à  la main gauche mais aussi la possibilité de s’évader des bons vieux accords min, Maj et 7ème, de jouer sur la couleur sonore en changeant de renversements, et aussi de tenir des parties mélodiques à  la main gauche !

Différence de sonorités :

Sur l’accordéon, quand on joue une note à  la main droite, il y a jusqu’à  5 lames qui vibrent. On peut sélectionner les lames au moyen de jeux qui donnent différentes sonorités. Lors de l’accord des lames, l’accordeur joue sur des phénomènes d’interférences acoustiques pour produire un vibrato (ça consiste à  accorder 2 lames qui produisent la même note avec un légère différence de fréquence, plus cette différence est élevée, plus on entend un battement rapide).
Sur le bandonéon, il n’y a que 2 lames qui vibrent par bouton, à  l’octave l’une de l’autre. Il n’y a pas de jeux pour sélectionner une sonorité où l’autre, et les 2 lames sont accordées sans différence et donc sans vibrato. Les proportions des lames sont aussi différentes de celles de l’accordéon, ce qui donne un timbre différent.

Ensuite et seulement ensuite viennent la lutherie de l’instrument et la manière d’en jouer:

Le bandonéon se joue assis, posé sur un genou, et il est impossible de se déplacer en jouant, contrairement à  l’accordéon.
Le bandonéon aussi requiert plus d’effort physique car le soufflet s’ouvre beaucoup plus que celui de l’accordéon.

Enfin, dernier point, il existe des bandonéons diatoniques (son différent en ouvrant et en fermant) et chromatiques (son identique en ouvrant et en fermant), tout comme les accordéons.
Le bandonéon chromatique est plus utilisé en Europe, alors que le diatonique est le roi en Argentine, sans que pour autant musicalement parlant il y ait de justification réelle pour l’un où l’autre.

Le 11 juillet est le jour national du bandonéon en commémoration de la naissance d’Anibal Troilo, illustre musicien et bandéoniste argentin.

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