Histoire

Histoire de l’aviation argentine

aviation argentine
L’Argentine est située à  l’extrême Sud du Continent Sud-Américain et de fait éloigné des centres de développement technologiques qui marquèrent les débuts de l’aviation.

Il n’empêche que très tôt, dès 1864, des hommes ont été pionniers sur ces terres australes, ont sacrifiés jusqu’à  leur vie pour donner l’impulsion à  l’activité aéronautique et par leurs exploits ouvrir les voies.

Dès la fin du XIXe siècle des vols en ballon se réalisent et se développent par la suite avec plus de fréquence jusqu’au premier vol qui unit l’Argentine à  l’Uruguay. Le 25 décembre 1907, Aaron de Anchorena et Jorge Newbery traversent le Rio de la Plata à  bord d’un ballon de fabrication française baptisé “Pampero“.

Le premier vol officiel en Argentine

Il a lieu le 6 février 1910 par le pilote français Henri Brégi (brevet N°26) sur biplan Voisin de 60cv. L’invitation vient de  Jorge Newbery, elle est aux frais de la République Argentine qui veut fêter ainsi le centenaire de son indépendance.

D’autres avions (monoplan Blériot) et pilotes (Emile Aubrun, Henri Péquet, Marcel Paillette et Valleton) viennent de France et d’Italie (Ricardo Ponzelli).

En deux vols sur Voisin 50cv Octavie III, Henri Brégi peut se maintenir en vol pendant 16mn, atteignant une altitude de 60m à une vitesse de 50km/h.

Lors d’un concours organisé pendant ces mêmes festivités, le pilote Leopold Dolphyn sur un Voisin également atteint l’altitude de 230m et à  bord d’un Farman Gnome 50cv le pilote Valleton couvre la distance de 86km à  une vitesse moyenne de 86km/h.

castaibert
L’impulsion donnée par les festivités de la commémoration du centenaire de l’indépendance de l’Argentine amorce le début d’un fort engouement pour les plus lourds que l’air. Les premiers avions viennent de France, et certains servent de modèles aux premiers avions argentins. Un certain nombre d’initiatives personnelles (les frères Delaygue, Artigala) permettront d’explorer cet inconnue par le vol libre et l’expérimentation.

En 1910, un immigré français Paul Castaibert (1883-1951) entreprend la construction des premiers avions argentins (photo ci-dessus: aux commandes de son Castaibert 913-4°. Le Castaibert 910-1° n’a jamais pu voler mais le Castaibert 911-2° avec moteur Anzani de 35cv lui permet de réaliser plusieurs vols à  l’intérieur du pays. Il monte la première chaîne de fabrication et une école de pilotage. La production de la série 915-7° est interrompue en 1916 quand il décide de partir s’installer en Uruguay pour répondre aux demandes de l’aviation uruguayenne. Les avions de Castaibert sont utilisés pour les meetings et les entraînements. Plus tard, ils sont les premiers à  être employés par les armées de l’air de l’Argentine et de l’Uruguay. Deux de ces avions sont aujourd’hui exposés au musée aéronautique en Uruguay.

Le 1er décembre 1912, Teodoro Fels accomplit à  bord d’un Blériot XI la première traversée du Rio de la Plata aller retour en reliant Buenos Aires à  Montevideo en Uruguay et bat le record du monde du vol au-dessus de l’eau et à  inspiré un Tango “El cabo Fels“.  (fresque ci-dessus: Exequiel Martinez).

Le 6 janvier 1913, à  bord d’un RumplerTaube” équipé d´un moteur de 110cv, le pilote allemand Heinrich Lübbe bat le record du monde du vol avec passager (Jorge Newbery) au-dessus de l’eau, reliant Buenos Aires à  Montevideo.

Traverser la chaîne des Andes était l’obsession du pionnier de l’aviation argentine Jorge Newbery, le passager qui accompagne Lübbe. C’est ce dernier qui tente de battre le record du monde d’altitude.

Le 10 février 1914, à  bord d´un Morane Saulnier type L “Parasol” propulsé par un moteur de 80cv, il atteint une altitude de 6225 mètres et bat le record du monde de 75 mètres.

La première traversée de la cordillère des Andes

Le 24 juin 1916, Eduardo Bradley et le capitaine Angel Maria Zuloaga traversent les Andes depuis Santiago du Chili et arrivent dans la vallée d’Uspallata au Nord de Mendoza à  bord d’un ballon sphérique. Le vol dure un peu plus de trois heures et atteint une altitude de 8000 mètres!

Le 13 avril 1918, le lieutenant Luis Candelaria (1892-1963), aux commandes d’un Morane Saulnier type L “Parasol” équipé d’un moteur rotatif Rhône de 80cv, réalise ce rêve. Mais c’est plus au Sud sur le parallèle 39, là  où les montagnes étaient moins élevées que Candelaria accomplit sa traversée entre Zapala (Ar) et Cunco (Ch) de 230km en 2h30 jusqu’à  une altitude de 4000m.

Entre temps, J.Newbery (1875-1914) victime d’un accident en aéroplane à  Mendoza, meurt sans accomplir son rêve de traverser les Andes alors qu’il fût le premier à  l’avoir tenté.

La traversée des plus hauts sommets à  hauteur du volcan Tupungato est menée à  bien le 12 décembre 1918 par Dagoberto Godoy (1893-1960), un pilote chilien, aux commandes d´un Bristol M.1C équipé d’un moteur Rhône de 110cv.

Le 29 mars 1920, l’argentin Vincente Almandos Almonacid* pilote le premier vol de nuit au-dessus des Andes dans un Spad VII, équipé d’un moteur Hispano Suiza de 220cv entre Mendoza et Vià±a del Mar qui lui vaudra le surnom de “Condor Riojano“.

Le 1er avril 1921 l’aviatrice et exploratrice française Adrienne Bolland (1896-1975) est la première femme à  traverser les Andes par les airs aux commandes d’un Caudron G.3 moteur Rhône de 80cv.

Invention de l’hélicoptère

Le 18 avril 1924 Raul Pateras-Pescara (1890-1966), un argentin qui travaille à  Paris, construit un hélicoptère et établit le premier record en pilotant 736 mètres.

Lire aussi  L'Argentine > de la révolution à la république - Partie 1

Le premier vol Europe – Amérique du Sud

Le 22 janvier 1926 Ramón Franco couvre les 10270km qui séparent Palos de Frontera en Espagne de Buenos Aires par escales successives (Las Palmas au Canaries, Porto Prais au Cap-Vert, Rio de Janeiro et Montevideo) en 60 heures aux commandes de l’hydravion Dornier J “wal” de fabrication allemande baptisé “Plus Ultra“… en français “toujours plus au-delà”

plus-ultra
Le 3 décembre 1928 Gunther Plüschow (1886-1931) pilote l’hydration Heinkel HD24 qui est le premier à  amerrir en baie de Ushuaia. Il survolera du reste presque toute la Patagonie et laissera une documentation et une filmographie importante.

La construction aéronautique Argentine se développe

La Fábrica Militar de Aviones à  Córdoba (privatisée en 1995 et aujourd’hui Lockheed Martin Aircraft Argentina) construit d´abord des avions (1929) et des moteurs (1930) sous licence (principalement française, italienne et nord-américaine), puis elle construit ses propres avions.

Le premier appareil conçu et produit par l’Argentine est le Ae.C.1 (avril 1932), un avion transportant trois passagers avec un cockpit fermé.

En août 1947, a lieu le premier vol du IA-27 Pulqui“, un chasseur à  réaction conçu et réalisé à  Córdoba par une équipe dirigée par l’ingénieur français Emile Dewoitine (constructeur du fameux D-520 meilleurs avion de chasse en 1940).

C’était le cinquième chasseur à  réaction du monde et le premier en Amérique latine.

Puis vinrent dans les modèles les plus connus, en 1966 le IA-58″Pucara” un bi-hélices turbo d’attaque au sol et en 1974 le IA-63″Pampa” un avion d’entrainement à  réaction.

aereo

L’aviation commerciale en Argentine

L’activité commerciale argentine débute le 10 juin 1919 lorsqu’une compagnie fondée par Shirley Kingsley organise des vols reliant Buenos Aires à  d’autres villes en Argentine et en Uruguay. Les premiers passagers qui traversent le Rio de La Plata volent sur un De Havilland. Les appareils de la compagnie Kingsley parcourent 8750 kilomètres et couvrent les villes les plus importantes, mais les difficultés financières de cette industrie naissante l’oblige à  fermer.

Avec Almonacid en 1919, la Mission Aéronautique Française effectue une ligne aérienne expérimentale entre Buenos Aires et Mendoza.

Puis vint Aeroposta Argentina, fondée en le 5 septembre 1927 par Almonacid et Marcel Bouilloux-Laffont de la compagnie CGA (Compagnie Générale Aéropostale) et en devient ainsi la compagnie sœur dont Alexandre Collenot, Paul Vachet, Luro Cambaceres et Pedro Ficarelli ont été les défricheurs.

Aeroposta entreprit des vols réguliers en janvier 1929 avec 25 avions, des Bréguet 14-A-2 et des Laté 25. Commence la grande aventure de l’Aéropostale en Amérique du Sud avec laquelle l’Argentine est intimement liée.

En 1928, Mermoz effectue le premier vol de nuit sur la ligne Buenos Aires et Rio de Janeiro.

Le 14 juillet 1929 Mermoz ouvre officiellement la ligne des Andes avec le pilote Guillaumet à  bord d’un Potez 25.

Déjà  la Patagonie entre dans “la Ligne” avec des liaisons sur Comodoro Rivadavia puis Rio Gallegos.

Cette ligne devient partie intégrante de la grande Aéropostale (fondée en 1927 par Marcel Bouilloux-Laffont à  la suite de Latécoère) lorsque la liaison Dakar-Natal fût établit en 1928 par aviso puis par avion après le succès de Mermoz les 12 et 13 mai 1930.

Après de sombres procès diffamatoires envers Marcel Bouilloux-Laffont, en 1933 cessent les activités de l’Aéropostale après 256 traversées transatlantiques et donne lieu à  la création de l’éphémère SCELA (qui regroupe Air Orient, la CIDNA, Farman et Air Union) qui deviendra en France la Société Anonyme Air France qui maintient “La Ligne” jusqu’en1939.

La voie était ouverte par ces pionniers connus ou anonymes et dont l’histoire n’a retenu que quelques noms…

A cette époque les lignes intérieures argentine privées et d’Etat (LASO, LANE, SADE) se développent pour fusionner en ligne d’Etat en 1945 (Li­neas Aéreas del Estado LADE).

aerolineas argentinas
En 1950, une nouvelle fusion donne naissance à Aerolineas Argentinas (étatisé en 1979, elle est achetée par Iberia en 1990 puis par le groupe Marsans en 2001. En 2008, le gouvernement argentin cherche à  la nationaliser de nouveau).

En 1971, la fusion de ACATA et LATA donne la naissance à  Austral, au départ étatisé elle est depuis 1990 dans le capital de Aerolineas Argentinas.

Par la suite les avancées en matière d’aéronautique et de performances des avions vont permettre le développement des lignes commerciales en Argentine, d’établir des lignes régulières et des liaisons internationales.

almonacid*Vincente Almandos Amonacid (1883-1953) dont le nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe à Paris passe son brevet de pilote en France en 1913. A la déclaration de guerre 14-18 il s’engage dans la Légion Etrangère et rejoint l’aviation. Affecté à  l’escadrille MS29 sur Morane Saulnier type L “Parasol” au côté de Roland Garros, Almonacid réussit la première mission de bombardement de nuit pour le compte des forces alliées selon sa propre initiative.

Il termine la guerre commandant de son escadrille et Capitaine de l’armée française avec Médaille Militaire, Légion d’Honneur et Croix de Guerre avec Palme. Il devient en 1929 le gérant de la compagnie Aeroposta fondée par Marcel Bouilloux-Laffont dans le but d’ouvrir des lignes intérieurs entre Argentine et Chili.

8 Commentaires

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  • qui a endentu parlé de l’atterissage limite sur une plage de la cote brésilliène avion en flammes chargé de 25 kg de matières radioactive et à reussit à sauver 22 passagers
    je tiens a preciser que cet accident a eu lieu le 10 juin 1958. commandant de bord merelle

  • Ai entendu parler de Riggi et Coco qui auraient tenté un raid en Argentine avant 1931 mais ne trouve pas d’infos. Peut-être leurs noms sont-ils mal orthographiés ?
    Avez-vous des infos ?
    Merci

  • Bonjour,
    Qui me donnera des précisions sur la position exacte de l’endroit où Guillaumet et Mermoz se posèrent et redécollèrent dans la Cordillère des Andes ?
    Merci,

    Bravo aussi à ceux qui nous parle d’une femme d’exception : Adrienne BOLLAND

    M.V.

  • Bonsoir,
    Suite à  la première partie de cette présentation de l’aviation argentine, je me permets de donner quelques précisions sur Paul Castaibert. Il est né le 11 novembre 1883 à  Simacourbe, petit village des Pyrénées-Atlantiques, en France, à  25 kms au nord-est de Pau. Son père, Jean Castaibert, alors âgé de 25 ans, domicilié à  Simacourbe était charpentier et sa mère, née Jeanne Lacay, même âge était sans profession. Je crois, que Paul Castaibert avait six soeurs (je suis en train de bien situer la généalogie de cette famille) et le père de Paul a du tenir, par la suite, une auberge à  Simacourbe, tout près de la gare qui venait d’être construite, aux abords de la ligne de tramway Pau-Lembeye. Il semblerait qu’une sœur de Paul, mariée avec un certain Condérine ait pris la suite dans cette auberge. Je ne manquerais pas de vous tenir informé sur ces recherches qui me permettront d’affiner la vérité historique et d’enrichir en plus, la revue annuelle “Jade en Vic-Bilh” éditée par l’association JADE (Jadis, Aujourd’hui, DEmain)de Simacourbe.
    Bien cordialement. Serge Chantre

    • Soy el nieto de Paul Castaibert, mi padre esta conmigo, y toda persona que se preocupe por mantener viva la historia de este gran hombre, Paul Castaibert Laccay, merece nuestro respeto. No se que datos necesitaras y si los tenemos nosotros. Paul Castaibert Laccay, fue un grande en la aviacion mundial y la Francia deberia sentirse orgullosa por tener un hijo como el. Un cordial abrazo,
      Paul Castaibert Ruvertoni

  • Je suis passionnée depuis toute petite par l´Amérique du Sud, ses montagnes, ses mystères et ses habitants. Lors de la traversée d´Adrienne Bolland en 1921 il lui a été indiqué un chemin à  prendre pour ne pas s´écraser dans les hautes montagnes de la cordillère des Andes. J´aurai voulu savoir si il y a des traces des récits et surtout des photos de la montagne en forme de dossier de chaise renversée qui a servit de point de repère à  Adrienne pour sa traversée. Si vous avez le moindre document, renseignement ou photos cela m´intéresse au plus au point. Je vous serais reconnaissante de me les faire parvenir. Merci

    • Bonjour Joelle,

      La cordillère est effectivement une chaîne de montagne fascinante. Nous savons pour Adrienne Bolland qu’elle a du suivre une route “à  vue” car elle avait perdu ses cartes. Elle a suivit la route des vallées emprunté par la voie ferrée du Transandin. Elle a franchit la cordillère à  4500m d’altitude avant de redescendre vers le Chili et se poser au bord de l’évanouissement à  Santiago. L’ambassadeur de France ne s’était pas déplacé pour l’accueillir car il croyait à  un poisson d’avril… Si nous trouvons des documents susceptibles de vous intéresser nous vous les ferons parvenir avec plaisir. Egalement, si un de nos lecteurs possède ce type d’information qu’il n’hésite pas à  nous les transmettre pour les faire partager et entretenir ainsi la mémoire de cette héroïne de l’aviation.
      Merci de votre visite y saludos cordiales!