La naissance de la Croix du Sud

La légende de la naissance de la Croix du Sud chez les Tehuelches

Les Tehuelches ,ou Tehuesh un groupe de tribus de Patagonie (Künün-a-Güna, Küwach-a-Güna, Mecharnuekenk et Aonikenk), n’ont pas attendus les découvreurs occidentaux pour observer la constellation de la Croix du Sud ou Choiols dans leur langue. Suivant la légende qui suit, ils ont assisté à sa naissance. Pour les Tehuelches toutes les choses ont une explication. Tout est né d’une façon ou d’une autre, que ce soit volontairement ou involontairement, et pour la plupart “il y a tant d’années qu’ils ne peuvent être racontés”.

A cette époque du « on ne sait quand » les hommes étaient sortis chasser selon la méthode de l’encerclement, appelée « a Orke ».
Cette forme de chasse était commune avant l’arrivée des Espagnols, qui ont ensuite introduit les chevaux. La chasse à pied consistait à former deux colonnes d’hommes qui partaient chacune dans une direction opposée, s’éloignaient l’une de l’autre avant de se rejoindre plus loin en formant un grand cercle.
La communication entre eux se faisait par signaux de fumée. Au signal convenu, tous se déplaçaient vers le centre en rabattant les animaux pendant que ceux armés de boleadoras (arme de chasse formée de 3 boules de pierre reliées entre elles par un cordon de cuir) s’activaient à leur tâche. L’objectif était de tuer autant de guanacos (cousin du lama) et autres chulengos (jeune guanaco) qu’ils en avaient besoin pendant plusieurs semaines et récupérer les peaux qui leur servaient de manteaux (quillangos) et pour construire leurs abris (toldos).

Généralement dans ces chasses, d’autres animaux se présentaient dans l’axe de tir des boleadores comme des pumas, des gato-montés, des huemules, des avestruz (Oóiu en Tehuelche, cousine de l’autruche), et autres ñandúes (petite autruche)…

Depuis quelque temps, un grand mâle avestruz (Kakn) leur échappait continuellement.
Un soir alors que la campagne était belle pendant le passage de la pluie, ils sortirent chasser avant que la nuit ne tombe.
Pendant la mise en place, ils aperçurent Kakn qui s’échappait vers le Sud et plusieurs hommes partirent tout de suite à sa poursuite.

Dans la course folle, les chasseurs n’ont pas remarqué la présence d’autres proies aussi importantes telles que les guanacos, pumas ou huemules (genre de petit cerf). En le poursuivant, les chasseurs lui décochèrent plusieurs flèches (Shotel) sans l’atteindre.

Sur le bord d’un plateau, le soleil avait peint un arc-en-ciel (Gijer pour les Tehuelches) annonçant la fin de la pluie, et le groupe suivant l’avestruz se dirigeait vers lui.

Korkoronke, le plus léger et plus résistant du groupe, change brutalement de direction pour couper la route à l’animal qui se retrouve ainsi coincé au bord de la falaise qui marque la limite du plateau. Là même où se trouve le départ de l’arc-en-ciel. Et à la grande surprise de ses poursuivants l’animal ne s’arrête pas au bord et continue sa course à grande enjambée en montant sur l’arc-en-ciel.

– Korkoronke, sortant de sa stupeur, tourna son avestruceras (latchicoi, boleadora plus légère pour chasser l’autruche), d’abord lentement, puis rapidement pour augmenter la vitesse la jeter dans un dernier effort désespéré pour toucher l’animal.

– La grande autruche fit un écart pour éviter l’arme fatale et laissa son empreinte sur le ciel en le touchant. Cette trace de Kakn qui resta pour l’éternité, les Tehuelches l’appelèrent “Choiols” qui veut dire dans sa langue « l’empreinte de l’avestruz dans le ciel ».

– Korkoronke n’a jamais retrouvé son latchicoi, et depuis cette nuit-là a commencé à briller dans le ciel un nouveau groupe d’étoiles auquel ils ont donné le nom de «cheljelen » connu en espagnol comme « Las Tres Marias » (les étoiles d’Orion).

Découverte de la Croix du Sud ou Crux Australis par les découvreurs occidentaux

L’une des premières références connues de la Croix du Sud se trouve dans la lettre écrite en 1503 par le navigateur italien Amerigo Vespucci, qui a décrit “quatre étoiles magnifiques” et par le marin Antonio Pigafetta en 1515 qui a écrit: «… une Croix merveilleuse, la plus glorieuse de toutes les constellations dans le ciel. ”
La Croix du Sud faisait à l’origine partie de la constellation du Centaure. Ce n’est qu’en 1679 que l’astronome français Augustin Royer en fit une description en tant que constellation à part entière. C’est également la plus petite et la plus célèbre des 88 constellations connues.
Baptisée ainsi en raison de sa forme caractéristique, elle pointe vers le pôle Sud céleste. Elle est désignée comme la contrepartie de la Croix du Nord, ancien nom de la constellation du Cygne.

La Croix du Sud est formée de quatre étoiles d’éclat décroissant en partant d’Acrux (alpha) et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre.
Elle aidait autrefois les marins à s’orienter sur les mers australes car son axe médian est dirigé vers le pôle sud.

La Croix du Sud telle qu’elle se voit lorsque l’on se trouve au pôle Sud de la Terre.


En haut à gauche de cette image sont les quatre étoiles qui marquent les limites de la Croix du Sud.

  • Au sommet de cette constellation, également connu comme la Crux, est l’étoile orange Gamma Crucis.
  • Le groupe d’étoiles, de poussières et de gaz traversant le milieu de la photographie fait partie de la Voie Lactée.
  • Juste en dessous de la Croix du Sud à l’extrême gauche est la nébuleuse Sac à Charbon (l’un des endroits les plus sombres dans le ruban de la Voie Lactée),
  • La nébuleuse brillante à l’extrême droite est la nébuleuse Carina.

La Croix du Sud est représenté sur différents drapeaux de l’hémisphère Sud dont drapeau national de l’Australie et du Brésil et le drapeau de la XIIe province du Chili.