La conquête de l’Argentine (XVIè)


A Asunción, Álvar Núñez Cabeza de Vaca entre en conflit avec les premiers colons refusant de se soumettre à un « nouveau venu » qui préfère coloniser que chercher de nouvelles (et hypothétiques) richesses. A la suite de leur révolte, il est renvoyé en Espagne. Son secrétaire Pedro Hernandez rédigea un journal qui représente une grande source d’information sur cette période.

Depuis le Nord venant de Bolivie

C’est dans ces années que commence la pénétration espagnole dans le Nord-Ouest Argentin, plus précisément dans la région du Tucumán. Au début de 1540, quand se termine la guerre civile au Pérou entre les colons, les vainqueurs sont récompensés par la possibilité de nouvelles explorations. Cela permet de les maintenir occupés et d’éviter de nouveaux conflits internes.
La première entrée sur le territoire argentin par le Nord est conduite par Diego de Rojas en 1543. Ce dernier meurt des suites d’une blessure provoquée par une flèche envenimée des indiens Tonocotés, mais ses hommes parcourront pendant trois ans la région avant de revenir au Pérou. C’est Pedro González del Prado qui écrit la relation de ces pérégrinations dans le nord Argentin dans « Probanzas y mérito de los servicios de los conquistadores ».
De nouveaux conflits internes au Pérou retardent de nouvelles expéditions. C’est entre 1549 et 1550 que Juan Nuñez de Prado réalise cette seconde entrée par le Nord. Avec la fondation d’El Barco (à 40km au sud-est de l’actuelle Tucuman) qu’il déclenche un conflit avec Pedro de Valdivia, gouverneur du Chili qui s’attribue la possession de ces terres. Francisco Villagra, subordonné de Valdivia, traverse la région pour affirmer ces prétentions.
Le village est abandonné et Juan Nunez de Prado fonde la ville d’El Barco II dans les hautes vallées, actuel village de San Carlos dans les vallées Calchaquies. Ils ne peuvent résister aux attaques des indiens Calchaquies et déménage à nouveau pour fonder El Barco III près de l’actuel Santiago del Estero.

Un autre émissaire de Pedro de Valdivia, Francisco de Aguirre, est envoyé en 1553 pour faire valoir son autorité sur ce qu’il estime être sa juridiction. Juan Nuñez del Prado est fait prisonnier et envoyé au Chili. Le nouveau site est abandonné et les villageois emmenés pour fonder le nouveau village de Santiago del Estero del Nuevo Maestrazgo le 25 juillet 1553. Ainsi naquit la première ville encore existante sur le territoire argentin. Santiago del Estero devient la capitale de la Gobernación de Tucumán et centre de colonisation du territoire du Nord-Ouest Argentin.

Depuis l’Ouest venant du Chili

A cette même époque, depuis le Chili, l’impulsion est donnée pour coloniser les territoires du Cuyo avec la fondation de Mendoza en 1561 et de San Juan en 1562. Le but poursuivi est de soumettre et d’employer les indiens Huarpes. Une autre expédition, menée par Pedro de Leiva en 1563, explore plus au Sud de Mendoza et rencontre les indiens Pehuenches de la Cordillère des Andes (province actuelle du Neuquen).

Après la création de la Gouvernance de Tucuman en 1563, l’occupation de nouveaux territoires est amorcée. De nouvelles villes sont fondées : San Miguel del Tucuman (1563), Nuestra Señora de Talavela ou Esteco (1567) bien vite abandonnée suites aux attaques répétées des indiens du Chaco et Cordoba (1573). On doit à son fondateur José Luis de Cabrera une intéressante et minutieuse description des populations locales, les indiens Comechingones.

Cabrera continue sont avancée jusqu’à atteindre le Rio Paraná lui permettant de trouver une voie de communication plus rapide et directe avec l’Espagne par les voies fluviales et le Rio de la Plata.

Depuis le Nord venant d’Assomption

C’est là qu’il rencontre Juan de Garay qui lui descend d’Asunción du Paraguay et qui vient de fonder Santa Fé (1573). Devant sa fermeté, Cabrera abandonne à Garay et aux gens d’Asunción la future colonisation du littoral.

Asunción avait progressé lentement depuis sa fondation en 1537 et avait besoin de s’étendre, s’assurer des positions stratégiques qui devaient lui permettre de faciliter l’entrée des navires qui arrivaient depuis l’Espagne sur le Rio de la Plata. Commence alors la colonisation effective du littoral fluvial.
Après Santa Fé, vient la fondation de Buenos Aires (1580). Garay continue sont exploration plus au Sud jusqu’à arriver à l’endroit où se trouve maintenant la ville et citée balnéaire de Mar del Plata.

Etablissement du réseau de communication et fondations de nouvelle ville

Peu après, en 1582, la fondation de Salta est effective, elle répond à la nécessité de d’assurer un relais de communication entre la gouvernance de Tucumán avec Potosi.
La toile se tisse peu à peu, encore une fois elle répond à la nécessité d’établir des voies de communications depuis Potosi vers le Chili et depuis Potosi vers le Rio de la Plata. Dans les années qui suivirent de nouveaux territoires sont reconnus et de nouvelles villes voient le jour :

  • Dans la gouvernance de Tucumán ce seront La Rioja (1591) et San Salvador de Jujuy (1593).
  • Dans la gouvernance du Paraguay ce seront Concepción del Bermejo (1585) qui sera abandonné un peu plus tard en raison des attaques répétées des indiens guaycurúes ; et Corrientes (1588)
  • Dans la gouvernance du Cuyo (qui dépend de l’autorité du Chili), ce sera San Luis (1595).

Depuis ces villes, qui forment la base des futures provinces de la république Argentine que l’on connait aujourd’hui, les terres alentours seront peu à peu occupées. Destinées à l’élevage et à la culture pour couvrir les besoins alimentaires des populations.

La conquête se termine à la fin du XVIè siècle

Ainsi, le processus de la conquête espagnole se termine pour ainsi dire à la fin du XVIè siècle. Seule l’occupation des vallées Calchaquies ne sera effective qu’au milieu du XVIIè.
Les Espagnols n’occupent et ne contrôlent qu’une infime partie du territoire. Le reste est « territoire indien ». Ces limites du territoire se maintiendront et perdureront jusqu’au début du XIXè siècle et ne commenceront à « bouger » qu’après la période révolutionnaire qui donna l’indépendance des habitants envers la couronne espagnole.
Si il y a eut quelques intentions de la part de certains espagnols d’élargir ces territoires, ils ne pourront se réaliser par manque de moyens et de volonté politique. Les espagnols cherchaient plutôt à assurer la paix et la tranquillité avec l’aide de soldats et de missionnaires, face à la menace réelle ou potentielle des indigènes et aussi assurer le contrôle des points stratégiques comme il a été sur le littoral de la Patagonie.

Sources:

  • Les peuples originaires d’Argentine
  • Raul J. Mandrini, éd. Eudeba 2004

  • Brève Histoire de l’Argentine
  • José Luis Romero, coll. Tierra Firme

  • Pueblos Originarios y la Conquista,
  • La Nueva Historia Argentina Tome I, Marta Bonaudo, éd Sudamericana

  • Sociedad Colonial,
  • La Nueva Historia Argentina Tome II, Enrique Tandeter, éd Sudamericana

Cartes de l’Argentine et de ses gouvernances en 1703

On peut s’apercevoir qu’entre la fin du XVI et le début du XVIIIè les limites du territoire occupé par les espagnols ne s’est pas modifié. Il en sera ainsi jusqu’en 1776 où à lieu un redécoupage pour créer le vice-royaume du Rio de la Plata au détriment du Paraguay.

(zoom 1) Gouvernance de Tucuman

(zoom 2) Gouvernance du Chili

(zoom 3) Gouvernance du Paraguay

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