Les cartes d’Argentine de Jean-Antoine-Victor Martin de Moussy


Jean-Antoine-Victor MARTIN de MOUSSY (Angers 1810 – Paris 1869) étudie la médecine à  Paris et devient docteur en 1835. En 1841 il voyage à  Rio de Janeiro et un peu plus tard à  Montevideo où il dirige l’hôpital de la légion française. Il fonde alors la Société de Médecine de Montevideo.

Ses travaux éveillent l’intérêt des gouvernants argentins de l’époque qui l’engagent. En 1854 il est appelé par le président de la république Argentine Justo José de Urquiza comme géographe pour étudier le bassin du Paraná. Ses pérégrinations l’amèneront à  se lier avec le médecin-botaniste Aimé Goujaud dit Bonpland, et le naturaliste Alcide d´Orbigny.

En 1856, de Moussy publia un almanach national de la Confédération et quelques années plus tard, une œuvre sur la décadence et la ruine des missions jésuites (Mémoire historique sur la décadence et ruine des Missions des Jésuites dans le bassin de la Plata). Dans le prolongement de ses études, commence alors pour de Moussy de longues expéditions qui dureront cinq ans et plus de 20 000km parcourus entre les différentes régions d’Argentine, la Patagonie, la chaîne des Andes, presque tout le Chili et dans le Sud de la Bolivie voisine. Il accumule une quantité innombrables d’observations sur l’histoire naturelle, la géologie, la géographie, la météorologie, ainsi que des centaines de calculs astronomiques et des données ethnographiques qui seront compilés dans l’édition Description Géographique et Statistique de la Confédération Argentine (parut en 3 volumes entre 1860 et 1864) accompagnés d’un important Atlas (1869 et réédité à  1000 exemplaires en 1873), de toutes les provinces et territoires d’Argentine comportant trente cartes physiques et politiques.

C’est l’étude physique, géographique et statistique la plus complète publié au XIXe siècle sur l’histoire, la société, l’immigration, les peuples natifs, la flore et la faune, etc… d’Argentine.

En 1867, le gouverneur de Buenos Aires, Bartolomé Mitre, nomma de Moussy représentant de l’Argentine à  l’Exposition Universelle de Paris. Le géologue y fut élu juré en délégation des pays d’Amérique latine.

L’étude de de Moussy devait aussi permettre de présenter en Europe l’image d’un pays aux grandes potentialités économiques et productives, sans indiens (c’est l’époque des tristement célèbres “conquêtes du désert”) , de manière à  attirer la population du vieux continent, celle-là  même qui devait façonner la future structure sociale et productive de l’Argentine.

Car il faut replacer le travail de ces européens et savants explorateurs dans le contexte historique et politique de l’époque. En effet, le gouvernement de la Confédération Argentine (1852-1862) rédigea plusieurs décrets favorisant les communications et encourageant les déplacements. Son but était d’attirer d’éminents scientifiques et hommes de cultures. Ce même gouvernement engagea de Moussy pour mettre au point la description démographique et statistique de la République Argentine ou encore Charles de Chapeaurouge qui mis en place le premier cadastre de l’Argentine et sans oublier Alfred Ebelot qui participa au tracé des villes nouvelles. Une idée initiée par le président Rivadavia dans les années 20 avec la venue de l’historien Pedro de Angelis et qui perdurera dans les années 70 avec le président Sarmiento qui saura convaincre l’astronome nord américain Benjamin Gould. Cela aboutira en 1876 à  la loi n°817 de imigración y colonización favorisant l’immigration massive d’européens pour peupler et développer la jeune et prometteuse Argentine.

Jean-Antoine-Victor MARTIN de MOUSSY meurt à  Paris en 1869. Son travail unique lui apporta la satisfaction d’être membre de différentes Sociétés Scientifiques en France, en Allemagne, en Uruguay et en Argentine. Ses apports incomparables l’ont vu être récompensé par une reconnaissance unanime et différents prix; il reçut la Légion d’Honneur et jusqu’à  30 000 pesos offert par le Sénat (Senado Nacional argentino) pour ses mérites et services rendus au pays.

Articles en relation