Arsène Isabelle > Voyage à Buénos Ayres (1830-1834)


“Un voyageur” a dit M. de Chateaubriand, est “une espèce d’historien: son devoir est de raconter fidèlement ce qu’il a vu ou ce qu’il a entendu dire; il ne doit rien inventer, mais aussi il ne doit rien omettre.”

Voyage à Buénos Ayres et à Porto-Alègre,
par
La Banda-Oriental, les missions d’Uruguay et la Province du Rio Grande do Sul
(de 1830 à 1834)
Suivi de
Considérations
Sur l’état du commerce Français à l’extérieur, et principalement
au Brésil et au Rio de la Plata.
Dédié au Commerce du Havre
Par Arsène Isabelle

Bercé par les romans de voyages de son époque, Arsène Isabelle (Le Havre 1807-1888) a 22 ans quand il décide d’assouvir sa soif de découverte en allant parcourir l’ancienne vice-royauté de “Buénos Ayres” depuis, la Confédération du Rio de la Plata “qui compte plus de républiques que la vice-royauté ne comptait de provinces”, la Banda Oriental ou république de l’Uruguay, appelée aussi Cis-Platina pour les brésiliens qui en avaient fait une province de leur Empire, jusqu’à la république de Bolivia formée des provinces du Haut-Pérou et enfin le Paraguay formant lui aussi un état à part entière .

Son but initial est d’explorer les 743 000 milles carré de superficie (ou 1 924 000 km carré) compris entre les Andes du Chili, la Bolivie, le grand pays du Chaco, le Paraguay, le Brésil et l’Océan Atlantique jusqu’au Détroit de Magellan.
Son objectif de voyage est de faire un relevé de tout ce qu’il voit et observe (histoire naturelle, commerce, industrie, douane, habitants, mœurs, urbanisme…).
Un projet ambitieux qu’il ne pourra mener à terme pour des raisons économiques et dus aux troubles intérieurs du moment.

Le voyage est à ses frais. Limité en capitaux, il apporte avec lui un nouveau procédé de fonte du suif pour fabriquer des chandelles en espérant y retirer quelques profits. En hiver 1832, il arrive à vendre douze quintaux de chandelles qui connu des déboires et songea à rentrer au pays.
Il bénéficiera de nombreuses opportunités qui l’amèneront à parcourir tout de même pendant cinq ans ces contrées. Il apprendra le castellano et se familiarisera avec le “caractère rude, ombrageux et défiant de l’habitant”.

Dans une relation simple et naïve mais toute en couleurs, il nous fait partager ses découvertes par des observations et réflexions spontanées, parfois candide mais aussi pleine de bons sens.

Sur sa route il rencontrera le botaniste Aimé Bonpland (voir Les français d’Argentine, le mate), collaborateur de von Humboldt, Casimir Cauchard, négociant à Buenos Ayres; Joseph Ingres, frère du célèbre peintre et négociant dans la province de misiones.

C’est à bord du brick l’Herminie qu’il s’embarque du Havre-de-Grâce à destination de Buenos Aires le 31 décembre 1829. Le 30 janvier, il passe l’équateur et se soumet à la tradition marine du passage de la Ligne. Le 28 février, l’Herminie entre dans les eaux du Rio de la Plata et relâche à Montevideo (fondé en 1724) qui par ses observations lui font rappeler la description des villes de Syrie ou de Palestine de par la nature de ses habitants.
Le 5 mars, il arrive en rade de Buenos Aires et découvre ses 15 clochers et coupoles, son fort (aujourd’hui la Casa Rosada) sa situation au bord d’une falaise basse (disparue aujourd’hui, zone de Puerto Madero mais dont on devine la limite), ses lavandières couvrant la plage et la forêt de mâts à l’entrée du Riachuelo dans le quartier de la Boca. Ses premières impressions lui font aimer cette ville, étoile naissante de l’Amérique du Sud.
Pour débarquer, les navires ne pouvant accoster, ce sont des charrettes qui viennent prendre leur cargaison humaine à une demi-lieue pour les amener à terre.
La ville à l’époque couvre une superficie de trois-quart de lieue sur une demi-lieue (soit environ 3km sur 2km).

Il nous apprend aussi qu’en 1820, le ministre de l’intérieur Rivadavia cherche à développer l’instruction. Il fonde l’Université de Buenos Aires en 1820, recrute l’ancien directeur de l’école de commerce de Paris pour en fonder une à Buenos Aires. Il fût recruté également beaucoup d’institutrice en France et en Italie pour former le corps enseignant des écoles qui étaient encouragées à se construire.
L’enseignement du français fait partie de l’instruction publique. L’époque où la volonté des législateurs était de transformer Buenos Aires en la Nouvelle Athènes.
Mais Arsène Isabelle décrit également Buenos Aires comme la ville la plus commerçante d’Amérique du Sud.

Arsène Isabelle nous emmène dans une visite guidée du Buenos Aires de 1830, relate la dernière décennie, les troubles politiques et de l’agitation qui secoue le pays. Il passe en revue l’urbanisation de la ville, ses édifices et constructions. L’aspect social et les mœurs de ses habitants, son industrie, son commerce…

Après avoir détaillé de la même manière les régions d’Uruguay et du Sud du Brésil qu’il traverse, Arsène Isabelle s’emploie à composer un petit précis de données servant à encourager le commerce français dans ces provinces. Il narre les avantages de ces destinations commerciales et analyse les lacunes des produits français et des améliorations à apporter tant au niveau diplomatique qu’industriel pour favoriser le développement des exportations. La finalité est de lui procurer des avantages et ainsi rivaliser avec les produits manufacturés de la concurrence anglaise et nord-américaine qui tendaient déjà à cette époque à imposer leur suprématie…
Un livre dirigé à “messieurs les négociants composant le commerce du Havre”…

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