Aimé Tschiffely > De Buenos Aires à New York à cheval


Le 23 Avril 1925, le Suisse Aimé Tschiffely et ses chevaux criollos Gato et Mancha partaient pour un long voyage.

Le trio unis Buenos Aires à New York city sur un parcours héroïque qui a duré 3 ans et 4 mois et 6 jours et participe ainsi à la reconnaissance mondiale de cette race chevaline argentine. Le cheval criollo (ou créole).

Personne auparavant n’avait jamais tenté une chevauché au long cours comme celle-ci. Il a été traité de fou, d’irresponsable, par les journaux de l’époque. Beaucoup se moquaient de lui.
Mais Aimé Tschiffely ne se souciait pas de ces invectives. Il est allé de l’avant avec ses chevaux créoles. Il a parcouru 21500km en 504 étapes, soit 42,6 km de moyenne par jour. Et il est arrivé à New York.
Et puis tout le monde a salué cet exploit.

Le projet

Aimé Tschiffely n’était pas arrivé à Buenos Aires par hasard. Né en Suisse en 1895, il part pour enseigner en Angleterre. Puis, ce sera Buenos Aires où il enseigne également dans un collège de Quilmes au sud de la ville. Randonneur solitaire, il sillonne la Pampa et rencontre de nombreux estancieros et découvre la résistance et la force des chevaux criollos. Une race descendant des chevaux des conquistadores espagnols qui se sont adapté aux vastes prairies argentines.

C’est ainsi que lui est venu l’idée de tester la véritable endurance et la rusticité de ces chevaux en tentant le pari fou de relier Buenos Aires à Washington.
Il se fit connaitre auprès du journal La Nacion qui l’encourage et entre bientôt en contact avec Octavio Pero, un spécialiste de la race. C’est auprès de lui qu’il obtient de nombreux conseils pour préparer son voyage et surtout de précieuses recommandations pour bien choisir ses chevaux.
Octavio Pero lui fait rencontrer le Dr Emilio Solanet qui met à l’épreuve ce cavalier avant de lui offrir Gato (chat) et Mancha (tâche). Conscient que ce défi est de première importance, il lui offre ses deux chevaux de 15 et 16 ans qui avaient grandi en Patagonie et qu’il avait lui-même acheté au cacique tehuelche Liempichún.
Ainsi, le 23 avril 1925, partant de la société rural de Palermo près de Plaza Italia, voilà Aimé Tschiffely entreprenant sa longue route accompagné de ses fidèles compagnons.

Le voyage

L’équipée traverse la cordillère par la Bolivie, en passant à 5900m d’altitude entre Potosi et Chaliapata au paso du Condor. Ils passent par le désert de Matacaballo (qui signifie littéralement ‘tue cheval’) au Pérou et affrontent l’humidité des forêts de l’Amérique centrale. Des températures oscillant entre -18°C et +50°C.
Sans compter les nombreux passages humides où il leur a fallut passer à la nage et certaines zones contrôlées par des bandoleros.
Ce sont au total 20 pays des Amériques qu’ils traverseront depuis l’Argentine jusqu’au États-Unis.
De nombreuses fois, il lui est venu l’idée de renoncer et de croire que toute son aventure était terminée. Ses forces l’abandonnent plus d’une fois, mais il se rappelle toujours du Dr Solanet qui lui a remis toutes sa confiance pour aller jusqu’au bout.
D’autres fois, il devait chevaucher pendant la nuit car le jour, les gens qui venaient à sa rencontre finissaient par freiner son avance.
C’est le 20 septembre 1928 qu’il arrive à New York avec Mancha car Gato, suite à une blessure occasionné par une mule, a dû abandonner à Mexico. Il descend triomphalement la Cinquième Avenue. Le maire de la ville le reçoit et lui remet la médaille d’or de la ville.
Et le 20 décembre de cette même année, il revient à Buenos Aires, par bateau cette fois-ci et est reçut avec tous les honneurs qui lui sont dus du fait du retentissement de sa longue traversée et de cet exploit.

Épilogue

Retourné à Londres, il devient un auteur à succès notamment grâce à son livre qui conte son grand voyage “Tschiffely’s Ride ou The Ride ou Southern Cross to Pole Star” paru en 1933. Il reviendra régulièrement en Argentine et ne manquera jamais de rendre visite à ses deux compagnons devenus tout autant célèbres.
Les deux inséparables chevaux vécurent jusqu’en 1944 pour Mancha et Gato en 47.
Décédé en 1954, Aimé Tschiffely sera enterré au cimetière de Recoleta puis en 1998 ses restes rejoindront l’endroit où vécurent ses deux compagnons de route à l’estancia El Cardal près d’Ayacucho dans la province de Buenos Aires.
Quand à Gato et Mancha, ils ont été empaillés et sont visibles au musée de la ville de Lujan (70km à l’ouest de Buenos Aires).

Le 20 septembre a été déclaré Dia Nacional del caballo ou « jour de fête nationale du cheval » en Argentine en honneur à cet événement unique.

En savoir plus: www.aimetschiffely.org

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